Des responsables des forces progouvernementales yéménites ont déclaré à l'AFP que leurs troupes étaient engagées sur plusieurs fronts et qu'elles essayaient de progresser dans les banlieues est de Hodeida vers le nord pour couper la principale voie d'approvisionnement des rebelles Houthis, soutenus par l'Iran.
Ces mêmes responsables ont fait état de raids intensifs d'avions et d'hélicoptères de la coalition sur des cibles rebelles, alors qu'une source de cette coalition a assuré à l'AFP qu'il ne s'agissait pas "d'opérations offensives" pour reprendre le port de Hodeida.
Les combats n'en sont pas moins meurtriers. Selon deux médecins de Hodeida, les corps de 74 combattants Houthis ont été transportés dans deux hôpitaux de la ville au cours des dernières 24 heures.
Quinze combattants progouvernementaux ont par ailleurs été tués dans ces affrontements, selon des sources médicales gouvernementales yéménites.
"Précipice"
Plus tôt, une source de la coalition a souligné que l'alliance antirebelles "soutient" les efforts de l'ONU pour relancer le processus de paix et ne cherche pas "l'escalade", malgré les opérations en cours.
Les deux piliers de cette coalition sont l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis.
Depuis jeudi dernier, des combats et des raids aériens sont signalés dans la région de Hodeida, où les forces progouvernementales ont acheminé d'importants renforts.
Il s'agit seulement de déploiements pour "protéger nos troupes et élargir les périmètres de sécurité dans certaines zones", a déclaré la source de la coalition qui a requis l'anonymat.
Vendredi, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, avait appelé à l'arrêt "immédiat" des "violences" au Yémen pour éviter que le pays ne tombe dans un "précipice", alors que la moitié de la population est en situation de pré-famine.
Le médiateur de l'ONU Martin Griffiths avait pour sa part exhorté les belligérants à s'asseoir à la table des négociations "dans un délai d'un mois".
"La coalition (menée par Ryad) est engagée à faire baisser les hostilités au Yémen et soutient fermement le processus politique" que cherche à relancer l'envoyé spécial de l'ONU, a affirmé la source de la coalition.
Cependant, a-t-elle ajouté, "si les Houthis ne se présentent pas à des pourparlers de paix, cela pourrait conduire à une reprise de l'offensive sur Hodeida".
"La situation humanitaire au Yémen est inacceptable" et "nous sommes engagés à mettre fin au conflit dès que possible" et à "maintenir le port de Hodeida ouvert", a assuré cette source.
"Imposture" américaine
Dans le camp rebelle, le ton restait guerrier lundi. "L'escalade deviendra un cauchemar", a déclaré un haut responsable politique, Mohammad Ali al-Houthi, en appelant à "la résistance et à la confrontation".
Cette "escalade est la preuve de l'imposture des déclarations américaines", a-t-il dit, cité par des médias pro-Houthis.
Le 30 octobre, alors que l'Arabie saoudite était sur la défensive en liaison avec le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi, le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo et le ministre américain de la Défense Jim Mattis avaient appelé à l'arrêt de la guerre au Yémen et à l'ouverture de négociations de paix sous 30 jours.
Lundi, le Royaume-Uni a appelé ses partenaires au sein du Conseil de sécurité de l'ONU à agir rapidement pour promouvoir une solution politique au Yémen, théâtre de la pire crise humanitaire au monde.
Dimanche, le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) a exhorté "toutes les parties" en conflit à cesser les hostilités, qualifiant le pays en guerre d'"enfer sur terre" pour les enfants.
Depuis 2015, le Yémen est ravagé par une guerre qui a fait quelque 10.000 morts et plus de 56.000 blessés selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Mais des responsables humanitaires estiment que le bilan réel des victimes est bien plus élevé.
Près des trois quarts de l'aide humanitaire entrant au Yémen transite par le port de Hodeida.
Trois organisations de défense des droits de l'Homme --Human Rights Watch (HRW), Amnesty International et Rights Watck UK, ont de leur côté intensifié leur campagne pour empêcher des ventes d'armes à l'Arabie saoudite.
Selon un communiqué publié lundi par HRW, ces trois organisations ont reçu l'autorisation d'intervenir dans un processus judiciaire visant à remettre en cause la poursuite des ventes d'armes britanniques à Ryad.
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