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UE: la bataille du budget italien face à la zone euro

Les ministres des Finances de la zone euro, réunis lundi à Bruxelles, devraient apporter leur soutien à la Commission européenne, deux semaines après sa décision de rejeter le budget de la coalition populiste au pouvoir en Italie.

UE: la bataille du budget italien face à la zone euro
Drapeau européen flottant devant la Commission européenne à Bruxelles, Belgique, le 14 mars 2018 - EMMANUEL DUNAND [AFP]

"Tout le monde est inquiet", assure un haut responsable européen, qui observe circonspect le bras de fer entre la Commission, garante des règles budgétaires de l'UE, et Rome, bien décidée à défendre son budget 2019, pourtant totalement en dehors des clous.

Selon plusieurs sources, les 19 ministres de la zone euro (l'Eurogroupe) devraient globalement appuyer l'approche de Bruxelles, qui a rejeté le 23 octobre le projet de budget italien, une première dans son histoire, fustigeant "une déviation claire, nette, assumée" par rapport aux règles européennes.

En cause: le déficit de 2,4% du produit intérieur brut (PIB) pour 2019 présenté par la coalition populiste au pouvoir à Rome, formée de la Ligue (extrême droite) et du Mouvement Cinq Etoiles (M5S, antisystème), très au-dessus de ce que prévoyait le précédent gouvernement de centre gauche (0,8%).

L'Italie a jusqu'au 13 novembre pour fournir un budget révisé, sans quoi elle s'expose à une "procédure pour déficit excessif", susceptible d'aboutir à des sanctions financières.

"Ce sera inévitable" si rien ne change, promet une source européenne.

La Commission "peut continuer de compter sur le soutien de la France", explique une source française, qui espère lundi "un débat serein mais franc".

Le président italien Sergio Mattarella, qui dispose de peu de pouvoirs mais d'une autorité respectée, a appelé le gouvernement à "développer un dialogue constructif avec les institutions européennes".

Le vice-Premier ministre Matteo Salvini, patron de la Ligue, a répondu en appelant ses partisans à manifester le 8 décembre à Rome, pour dire "pacifiquement" aux "messieurs de Bruxelles: laissez-nous travailler, vivre et respirer".

"Aucune petite lettre ne pourra nous faire revenir en arrière. Plus jamais une Italie à genoux", a-t-il lancé.

"Basta !"

La situation économique et sociale en Italie est explosive avec un taux de chômage à 10,1%, très au-dessus de la moyenne de la zone euro, et une stagnation de l'activité au troisième trimestre (+0,0%), une première depuis trois ans, qui pourrait avoir des conséquences dans la bataille avec Bruxelles.

La coalition a en effet bâti son budget 2019 sur une prévision de croissance très optimiste de 1,5%, quand le Fonds monétaire international (FMI) ne table que sur 1% et la Commission européenne --qui doit présenter de nouvelles prévisions jeudi-- sur 1,1%.

Or, si la croissance est plus faible que prévu, le déficit risque d'être encore plus important.

"L'arrêt du PIB est conjoncturel, il concerne toute l'économie européenne. Nous l'avions prévu et c'est pour cela que nous avons décidé d'avoir un budget expansif", qui vise à éviter une récession, veut croire le chef du gouvernement Giuseppe Conte.

Pour ne rien arranger, Rome, qui ploie déjà sous une énorme dette de 2.300 milliards d'euros (131% de son PIB), a vu la note de sa dette dégradée par l'agence Moody's, tandis que Standard & Poor's a abaissé sa perspective, de stable à négative.

"La coalition est à l'épreuve dans ce bras de fer", analyse Sébastien Maillard, directeur de l'institut Jacques Delors Notre Europe.

"Mais je pense que l'électorat de la Ligue va être tenté de dire +basta !+, parce que l'Italie s'isole", ajoute-t-il, surtout "si le spread (l'écart très surveillé entre les taux d'emprunt allemand et italien à dix ans, ndlr) devient inquiétant".

Le gouverneur de la Banque d'Italie, Ignazio Visco, a d'ailleurs exprimé ses inquiétudes quant aux conséquences de la hausse des taux d'emprunt italiens.

Le "spread" oscille désormais autour de 300 points de base, contre une moyenne de 130 enregistrée sur les quatre premiers mois de l'année", en raison de "l'incertitude sur l'orientation de la politique budgétaire" et "des rapports avec l'UE", a-t-il rappelé la semaine passée.

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