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La population iranienne en première ligne face aux sanctions américaines

Heidar Fekri, 70 ans, tient une petite boutique d'équipements industriels dans le bazar de Téhéran, depuis bien avant la Révolution islamique de 1979. Mais, pour la première fois, il a peur pour la survie de son commerce.

La population iranienne en première ligne face aux sanctions américaines
Le grand bazar de Téhéran le 3 novembre 2018 - ATTA KENARE [AFP]

"Mes étagères sont vides, mes entrepôts sont vides, et bientôt je vais devoir fermer. C'est toute ma vie. Je ne survivrai pas longtemps après avoir fermé boutique", confie-t-il.

L'économie iranienne souffrait déjà de nombreux maux avant la décision de Donald Trump en mai de se retirer de l'accord nucléaire conclu en 2015 entre l'Iran et les grandes puissances, puis de rétablir des sanctions.

L'annonce de ces sanctions, "dévastatrices" selon le président américain, a aggravé la chute de la monnaie iranienne, qui a perdu en un an 70% de sa valeur face au dollar, et provoqué un exode d'entreprises étrangères.

Le retour annoncé d'un embargo sur le pétrole lundi a d'ores et déjà plongé le pays dans une récession et devrait entraîner une contraction de 3,6% de l'économie en 2019, selon le Fonds monétaire international (FMI).

En raison de l'insécurité planant sur l'économie du pays, M. Fekri, qui fournissait depuis 47 ans ses clients en pompes et perceuses industrielles européennes, a été forcé depuis plus d'un an de stopper ses importations.

"Les ventes ont chuté de 90% ces six derniers mois. Tout le bazar souffre", affirme-t-il à l'AFP.

Presque tous les produits en Iran, des médicaments aux pièces de rechange des avions en passant par les bouteilles en plastique, sont liés à la chaîne d'approvisionnement mondiale. L'effondrement de la monnaie et le retour de l'isolement menacent donc toutes les sphères de la société.

Pour aider les ménages iraniens à faire face à l'inflation galopante, le gouvernement a commencé à distribuer des colis alimentaires à près de la moitié d'entre eux.

Harcèlement

Pour la classe moyenne, le coup psychologique est peut-être le plus dur: avec la conclusion de l'accord nucléaire, elle avait espéré voir enfin l'Iran perdre son statut de paria de la communauté internationale.

"Personne ne sait ce que veulent vraiment les Américains. Nous avons fait tout ce qu'ils voulaient et ce n'était pas assez", confie Sam Cordier, à la tête de PGt Advertising, qui représente à Téhéran des entreprises occidentales comme British Airways ou Nestlé.

Washington affirme que les sanctions visent à freiner les activités "déstabilisatrices" de l'Iran au Moyen-Orient. Beaucoup, en Iran, les perçoivent toutefois comme une tentative américaine de provoquer un changement de régime.

"Ce n'est pas juste de la part des Américains d'inciter à la violence. Si cela continue, tous les hommes d'affaires ayant des choses à partager à travers le savoir et l'investissement s'en iront", estime M. Cordier.

Ce Britannique a été forcé de licencier six de ses 30 employés et de réduire les salaires des autres, au moment où ses clients étrangers partaient l'un après l'autre.

"Je pleurais en leur annonçant. Ce sont eux qui souffrent (des sanctions). Beaucoup de jeunes gens éduqués quittent le pays. Il y a une immense fuite des cerveaux", déplore-t-il.

"Génération sacrifiée"

Beaucoup d'Iraniens éprouvent une haine tenace contre l'administration Trump. Mais nombre d'entre eux rejettent aussi la faute sur leur propre gouvernement, et l'accuse de ne pas les protéger suffisamment.

"Oui, les Américains font de mauvaises choses, mais ils protègent leurs intérêts. Si notre Etat avait protégé les intérêts de l'Iran, nous n'en serions pas là", accuse Erfan Yusufi, 30 ans, dont le nouveau café branché peine à faire face à l'augmentation des prix et à la baisse de la clientèle.

Les dirigeants iraniens sont forcés d'exécuter un ardu numéro d'équilibriste: tout en gardant une attitude de défi face à la pression américaine, ils doivent prendre en considération les difficultés économiques des Iraniens.

"Nous savons tous que les gens souffrent et sont sous pression (mais) nous ne pouvons pas dire à notre peuple qu'en raison de la pression américaine, nous ne pouvons rien faire", a déclaré le président Hassan Rohani au Parlement.

Il a accusé les médias étrangers de "remplir les esprits des gens avec de la fausse propagande" sur l'inflation, bien que la Banque centrale a reconnu elle-même que les prix des produits alimentaires ont augmenté de 46,5% depuis un an.

Malgré leurs difficultés économiques, rien ne laisse croire que les Iraniens désirent un changement de régime. Une grande partie de la population soutient toujours fermement la Révolution islamique.

De nombreux Iraniens redoutent aussi toute violence, sont intimidés par les forces de sécurité ou craignent de faire le jeu de puissances étrangères en manifestant.

Parmi les jeunes, le sentiment d'être une "génération sacrifiée" est prégnant.

"Je suis inquiet pour l'avenir", confie Erfan, dans son café flambant neuf. "Notre génération débute chaque journée sans savoir ce qu'elle va devenir".

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