De Verdun à la Somme, le président français va sillonner onze départements en une semaine pour se rendre sur les champs de bataille de la Grande Guerre et à la rencontre d'une France périphérique frappée par la crise.
Ce périple, au "format inédit" selon l'Elysée, se terminera dimanche 11 novembre sous l'Arc de Triomphe. M. Macron y ravivera la flamme du soldat inconnu en présence d'une centaine de dirigeants étrangers.
Le voyage aura une triple dimension. Mémorielle d'abord puisqu'il s'agit d'honorer la mémoire des quelque huit millions de Français qui ont combattu de 1914 à 1918, pour 1,4 million de morts, dix ans après la disparition du dernier Poilu, Lazare Ponticelli.
Diplomatique ensuite, alors que M. Macron sera accompagné à plusieurs étapes par des chefs d'Etat ou de gouvernement étrangers, avant même le bouquet final de dimanche à Paris où on attend notamment les présidents américain Donald Trump et russe Vladimir Poutine.
L'"itinérance" aura, enfin, une forte connotation politique et sociale à un moment où le président est au plus bas dans les sondages et que la grogne des Français monte sur la question du pouvoir d'achat.
Loin de Paris
Accusé par l'opposition d'être le président exclusif des riches et des villes, M. Macron passera une semaine loin de Paris et à l'écart des grandes métropoles, à l'exception de Strasbourg.
Au total, il se rendra dans dix-sept villes, surtout de taille moyenne, comme Charleville-Mézières où se tiendra mercredi un Conseil des ministres décentralisé.
"Chaque étape sera l'occasion d'aborder les préoccupations actuelles des territoires visités, qui tentent de rebondir après avoir été frappés par la désindustrialisation et les bouleversements agricoles", souligne l'Elysée.
Le chef de l'Etat visitera des usines, dont celle de Renault à Maubeuge (nord), non loin de l'aciérie d'Ascoval, menacée de fermeture. Il se rendra dans un EPHAD pour débattre des services de santé en milieu rural et consacrera une matinée à Lens au plan de lutte contre la pauvreté.
A chaque étape, il rencontrera des élus locaux avec lesquels l'exécutif tente de renouer après des mois de tension.
Le coup d'envoi est donné à Strasbourg, ville symbole de la réconciliation franco-allemande où, après une cérémonie militaire, MM. Macron, accompagné de son épouse Brigitte, et Steinmeier assisteront dans la soirée dans la cathédrale Notre-Dame à un concert d'oeuvres de Debussy et Beethoven.
Emmanuel Macron va ensuite visiter les sites incontournables de la guerre: Verdun (Meuse), "la mère des batailles", le Chemin des Dames (Aisne) ou la nécropole nationale de Notre-Dame-de-Lorette (Pas-de-Calais).
L'accent sur la paix
Il fera aussi étape dans des lieux qui n'ont "jamais été visités par un président français". Comme celui de la terrible batailles de Morhange (Moselle) où M. Macron se rend lundi. Ou celui des Eparges (Meuse) où le président se recueillera mardi devant la statue de Maurice Genevoix, pour lequel l'Elysée dit avoir engagé une "réflexion" au sujet d'une possible future "panthéonisation".
Mercredi, le chef de l'Etat sera accompagné par son homologue malien Ibrahim Boubacar Keïta à Reims pour honorer "l'Armée noire" des tirailleurs africains. Vendredi, il sera au côté de la Première ministre britannique Theresa May sur un site de la bataille de la Somme.
Avant le retour à Paris, le périple se terminera samedi par une cérémonie très symbolique avec la chancelière allemande Angela Merkel dans la clairière de Rethondes, à Compiègne (Oise), où a été signé l'armistice.
"On sera dans les pas de Helmut Kohl et François Mitterrand en 1984 à Verdun", souligne l'Elysée.
L'absence, décriée par certains, de parade militaire est parfaitement assumée par l'Elysée qui a préféré mettre l'accent sur la paix et la réconciliation franco-allemande.
La paix sera aussi le fil rouge de la journée du 11 novembre, avec la traditionnelle cérémonie à l'Arc de Triomphe. Emmanuel Macron y prendra la parole avant de laisser Angela Merkel prononcer le discours d'ouverture du Forum de la Paix qui se tiendra dans l'après-midi à La Villette.
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