M. Mulook était le défenseur de Mme Bibi dans l'affaire qui lui a valu de passer près de dix ans dans le couloir de la mort avant d'être acquittée mercredi par un verdict de la Cour suprême qui a provoqué la fureur des milieux extrémistes musulmans.
Ceux-ci sont descendus dans les rues, paralysant une grande partie du pays pendant trois jours, avant qu'un accord y mettant fin ne soit conclu dans la nuit de vendredi à samedi entre les autorités et les manifestants.
"Dans le scénario actuel, il ne m'est pas possible de vivre au Pakistan", a déclaré l'avocat à l'AFP avant d'embarquer à bord d'un avion tôt samedi.
"J'ai besoin de rester en vie car je dois poursuivre la bataille judiciaire pour Asia Bibi", a expliqué le sexagénaire, qui ne s'est vu accorder aucune protection rapprochée après le verdict en faveur de sa cliente.
La réaction violente des extrémistes au jugement était selon lui "malheureuse mais pas inattendue".
"Je m'y attendais mais ce qui est douloureux, c'est la réponse du gouvernement. Ils ne peuvent même pas (faire) appliquer un jugement de la plus haute cour du pays", a-t-il déploré.
Après trois jours de chaos dans le pays, les manifestants et le gouvernement ont indiqué être parvenus à un accord tard vendredi.
Le texte en cinq points prévoit notamment que le gouvernement ne s'oppose pas au dépôt d'une requête en révision du jugement de la Cour suprême et qu'il lancera une procédure visant à interdire à Mme Bibi de quitter le territoire.
Selon M. Mulook, cela signifie que Mme Bibi devra demeurer en prison ou dans un autre endroit sûr en attendant que la requête soit examinée. "Sa vie serait plus ou moins la même, que ce soit à l'intérieur d'une prison ou à l'extérieur à l'isolement en raison de craintes sécuritaires", a-t-il noté.
Le gouvernement était vivement critiqué samedi pour cet accord, qualifié de "nouvelle reddition".
"Un gouvernement de plus a capitulé face à des extrémistes religieux violents qui ne croient ni en la démocratie, ni en la Constitution", déplore le quotidien Dawn dans son éditorial samedi.
Il semble que le discours de fermeté à l'égard des islamistes prononcé mercredi soir par le Premier ministre Imran Khan "soit déjà condamné à la poubelle de l'Histoire", conclut le journal.
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