Le mouvement d'humeur est né ces dernières semaines après la hausse du prix du diesel qui alimente les deux tiers du parc automobile français. Il s'est traduit par des pétitions en ligne et appels à manifestation autoproclamées "citoyennes" et apolitiques, et reçoit aujourd'hui l'onction de certains partis.
Point d'orgue: la journée du samedi 17 novembre, qui concentre les appels au blocage des routes et jusqu'au boulevard périphérique parisien. Les promoteurs se sont baptisés "les gilets jaunes", référence aux "bonnets rouges" qui avaient fait reculer François Hollande en 2013 sur la mise en place d'une écotaxe.
Alors que l'un de ces appels émane d'un cadre de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan a été le premier à exhorter à "rejoindre la contestation".
Marine Le Pen lui a emboîté le pas: "L'ensemble de nos cadres politiques et de nos élus seront aux côtés des manifestants", a-t-elle promis mercredi sans préciser si elle irait elle-même. L'un des pontes du Rassemblement national (ex-FN), Wallerand de Saint-Just, y voit une "révolte citoyenne".
D'abord minimisé par l'exécutif, attaqué par la CGT qui a dénoncé "une instrumentalisation" par l'extrême droite, le mouvement a toutefois pris de l'ampleur, au point que le chef des Insoumis Jean-Luc Mélenchon a fait part de sa bienveillance mardi à l'égard des futurs manifestants.
"Nous n'appellerons pas à la manifestation du 17 novembre, nous ne ferons pas de récupération politique". Mais "leur colère est juste", a considéré le candidat malheureux à la présidentielle. Mieux: "Si nos amis sont dans (les manifestations), on sera fier d'eux".
Offensive de Philippe
Le chef du PS Olivier Faure a dénoncé une "arnaque", soulignant que, sur cinq ans, "seulement 10 petits milliards sur ces 55 milliards qui vont finalement financer la transition énergétique". Avant lui, l'ancienne ministre de l'Environnement Ségolène Royal avait fustigé une justification d'un "matraquage fiscal par l'écologie".
"Matraquage fiscal" aussi pour la droite qui avait déjà dénoncé la réduction de la vitesse à 80 km/h : "Arrêtez de nous prendre pour des culs-terreux et des Français de deuxième zone", a lancé mardi un sénateur LR de l'Ardèche, Jacques Genest, lors des questions au gouvernement. "Et surtout souvenez-vous que la révolution est venue des campagnes", a-t-il lancé, donnant à "tous, rendez-vous le 17 novembre".
Le chef des Républicains Laurent Wauquiez a dénoncé "un mépris" de la part du gouvernement, dans la droite ligne de ses régulières attaques contre "l'arrogance" de la majorité. En cause : des propos rapportés dans le JDD du porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, qui les a récusés, selon qui Laurent Wauquiez était "le candidat des gars qui fument des clopes et qui roulent au diesel".
En face, l'exécutif fait bloc: après une offensive du ministre de l'Économie Bruno Le Maire, le Premier ministre est lui-même monté au créneau, mercredi, à l'Assemblée: "La résolution des questions fondamentales (écologiques) ne pourrait se résumer à des incantations", a tonné Édouard Philippe, en renvoyant aux promesses de campagne du candidat Macron.
Chez LREM, d'aucuns craignent toutefois un succès populaire de la journée du 17 novembre qui cristalliserait les colères anti-Macron.
"En ce qui concerne la hausse du gasoil, je pense qu'il faut qu'on fasse attention", a mis en garde un député marcheur de l'Hérault, Patrick Vignal, qui a conseillé au ministre Griveaux de "se reposer". Car, observe-t-il, "quand il tweete qu'il ne veut pas de gens qui fument des clopes et qui roulent au diesel... Beaucoup de Français le font".
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