Le chorégraphe Loïc Touzé évoque plus de 40 ans de carrière dans cette conférence dansée : d'abord conçue comme un projet pédagogique, cette conférence s'adresse au grand public et donne des clefs pour comprendre la danse contemporaine. Loïc nous en parle :
Comment a germé l'idée d'une conférence dansée ?
"En 2012, l'artiste et chorégraphe portugaise Vera Mantero, figure de la danse contemporaine, m'a proposé alors que j'enseignais au Forum Dança à Lisbonne, de parler de ma pratique artistique et de mon parcours professionnel aux étudiants. Même si cette conférence était destinée de prime abord aux étudiants j'ai eu envie très vite d'ouvrir ce spectacle au grand public aussi bien qu'aux professionnels de la danse. Six mois plus tard, on me proposait à nouveau de donner cette conférence au Valle occupato à Rome, puis j'ai eu l'occasion de jouer de nombreuse fois cette conférence dansée notamment au Phare, centre chorégraphique du Havre, en 2017. Dans cette conférence pédagogique je donne des clés pour comprendre ce qu'est le mouvement dansé et je raconte mon histoire à même le corps. J'interroge aussi le rapport du public à la danse et la notion de spectateur car la danse n'existe pas sans spectateur."
Quelle place cette conférence trouve-t-elle dans votre parcours ?
"C'est une pratique tout à fait inédite dans mon travail de chorégraphe, cependant pour moi la parole qu'elle soit parlée ou chantée est également un geste de danse et elle est toujours présente dans mes spectacles. J'ai également enseigné dans une école nationale de théâtre à des comédiens le rapport au corps et donc ma pratique entre aussi en résonance avec le théâtre. Je n'ai jamais eu aucun mal à prendre la parole sur scène et je m'adresse ici au public de manière intime, comme si je recevais chez moi. J'accueille mon public avec une tenue qui ressemble à s'y tromper à celle d'un conférencier, si ce n'est que le tissu est très souple pour favoriser le mouvement. Je narre mes expériences authentiques dans cette conférence mais abordées sous un angle parfois cocasse."
Pourquoi avoir choisi pour titre "Je suis lent" ?
"J'ai commencé la danse à 10 ans à l'opéra de Rouen ou je suis resté jusqu'à mes 22 ans. L'école de l'opéra que l'on fait a priori en cinq ans, moi je l'ai fait en huit. J'ai triplé mes classes, ce qui est exceptionnel car j'aurai dû être renvoyé de cette institution élitiste à cause de ce retard. Mais en un sens, ce retard m'a permis d'être capable de prendre du recul par rapport à cet enseignement. À l'opéra, on vous met dans le corps 400 ans de culture classique pour faire de vous un virtuose. À 22 ans j'ai décidé de quitter cela et de m'ouvrir à une pratique plus contemporaine mais il m'a fallu désapprendre. Je crois que cette lenteur m'a préservé du broyage institutionnel. J'ai ensuite appris à libérer mon corps. J'ai toujours été fasciné par le danseur de buto Kasuo Ôno que j'ai eu la chance de voir danser au Japon quand j'avais 17 ans. C'est lui qui m'a permis de comprendre où était la danse, je le considère comme un danseur absolu. Ensuite, j'ai eu la chance de faire partie de la compagnie de Caroline Carlson puis j'ai collaboré avec Mathilde Monnier et Jean-François Duroure ou encore Bernardo Montet."
Pratique. Mardi 6 et mercredi 7 novembre à 20 heures à la chapelle St-Louis à Rouen. 3 à 16€. letincelle-rouen.fr
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