Le tribunal, qui a estimé que les conditions d'exercice ne "permettaient pas de faire le travail correctement", en pointant une faute "plutôt imputable à l'employeur", a ainsi suivi les réquisitions à l'encontre de l'ex-responsable.
Aujourd'hui retraité, Gérard Clemente, condamné pour "tromperie" - un non-respect du cahier des charges passible de deux ans de prison et 300.000 euros d'amende - devra également s'acquitter de 180 euros d'amende tandis que l'abattoir en tant que personne morale, a été condamné à 10.000 euros d'amende de peine principale, contre 50.000 euros requis.
Les quatre autres prévenus, des employés, sont condamnés à des amendes de 80, 520 et 910 euros pour maltraitance "sans nécessité". La maltraitance animale n'est punie que d'amendes, que le parquet avait réclamées (de 100 à 420 euros).
Me Denise Pombieilh, avocate du directeur et de l'abattoir, a annoncé ne pas faire appel, estimant les peines "modérées et justes". Le "tribunal n'est pas tombé dans le piège d'être pris en otage, il s'en est tenu au dossier et n'est pas rentré dans le débat idéologique", a poursuivi l'avocate en regrettant la "pression médiatique (qui) a joué pendant tout le temps du procès".
Benoît Thomé, président de l'association Animal Cross, a regretté une "extraordinaire mansuétude, quand on pense que ce sont des animaux qui ont été égorgés à vif dans d'incroyables souffrances. Comment peut-on avoir des sanctions aussi faibles, comme si ces gens là n'étaient pas vraiment coupables ? On a l'impression qu'en fait, les gens ne sont pas vraiment responsables de leurs actes", a-t-il ajouté.
Antoine Tugas, avocat de trois des quatre salariés, a estimé que "le droit est passé et le message juridique d'aujourd'hui met de côté le dogmatisme et certains esprits chagrins qui ont voulu faire de ce procès un exemple (...) Les actes de cruauté reprochés ont été invalidés par le tribunal et c'est bien ce qui comptait".
L'affaire de l'abattoir de Mauléon avait éclaté en mars 2016 avec la diffusion de vidéos de l'association de défense des animaux L214, prises en secret. Des images difficilement soutenables montrant des animaux mal étourdis, des moutons saignés encore conscients, un agneau écartelé vivant. Même si dans ce cas précis, le ministère public avait requis une relaxe, invoquant "un accident".
- 8.000 euros pour L214 -
Quatre employés, l'ex-directeur et l'abattoir en tant que personne morale, étaient jugés pour "mauvais traitements infligés sans nécessité à un animal domestique", accusation qu'ils avaient vivement contestée lors des deux jours de procès.
La direction avait invoqué une situation de "petit" abattoir (35 salariés) et la difficulté à trouver du personnel qualifié, faute de formation spécifique. Les employés s'étaient plaints des "cadences" subies, plus particulièrement avant Pâques. Leur avocat a plaidé la relaxe.
Les services de contrôle, bien que poursuivis, avaient d'ailleurs été malmenés au procès. Un responsable des services vétérinaires du département avait concédé qu'"on aurait dû avoir plus de fermeté", au regard d'infractions passées constatées.
"Des mauvais gestes, du matériel qui ne fonctionnait pas, peut-être, un manque de personnel certain", et une "cadence exceptionnelle" juste avant Pâques. Mais "à aucun moment, il n'y a eu de volonté de faire souffrir", avait appuyé une enquêtrice de la brigade vétérinaire chargée de l'enquête.
Les dix parties civiles, dont L214, la SPA, la Fondation Bardot, se sont vu accorder par le tribunal des montants de dommages et intérêts allant jusqu'à 10.000 euros pour l'association UFC-Que choisir et 8.000 euros pour L214.
Le procès avait eu lieu en septembre au moment des débats sur la loi Agriculture et alimentation, aujourd'hui adoptée, qui renforce certaines sanctions et prévoit une expérimentation du contrôle vidéo dans les abattoirs.
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