C'est la première fois depuis plusieurs mois qu'un aussi grand nombre de roquettes est tiré depuis l'enclave palestinienne. Cette recrudescence de la violence intervient alors que des pourparlers indirects sont en cours avec l'aide de l'Egypte pour tenter de réduire la tension entre Israël et la bande de Gaza, gouvernée par le mouvement islamiste Hamas.
"Au cours de la nuit, des dizaines de roquettes ont été lancées depuis la bande de Gaza en direction de localités du sud d'Israël", a déclaré l'armée israélienne dans un communiqué publié tôt samedi matin.
Elle a précisé peu après que 30 roquettes avaient été tirées.
Le système israélien de défense aérienne Iron Dome "a intercepté une dizaine de projectiles", a indiqué l'armée. "Deux projectiles sont tombés dans la bande de Gaza, les autres sont tombées dans des terrains non habités" en territoire israélien, a-t-elle précisé.
Des médecins israéliens ont déclaré que sept civils étaient traités pour des états de choc.
Le chef de l'état-major de l'armée, le général Gadi Eisenkot, a tenu une réunion d'"évaluation de la situation" au quartier général de l'armée à Tel-Aviv avec la participation de hauts responsables du Shin Beth, le service israélien de sécurité intérieure.
En riposte aux tirs de roquettes, des avions, des hélicoptères et des drones des forces armées israéliennes ont frappé "environ 80 objectifs appartenant au Hamas à travers la bande de Gaza", a annoncé l'armée.
Il n'y a pas eu d'informations indiquant que ces raids aient fait des victimes.
Le Hamas n'a pas revendiqué les lancements de roquettes, mais Israël tient le mouvement islamiste pour responsable de tous les tirs partant de l'enclave dans la mesure où c'est lui qui la gouverne.
"Les tirs de roquettes sont menés dans une atmosphère de terreur qui est créée par le Hamas", a déclaré l'armée.
Le Jihad islamique, deuxième en importance des groupes armés présents dans la bande de Gaza, a salué dans un communiqué les tirs de roquettes, qui sont selon lui une réponse aux "agressions israéliennes". Il n'en a toutefois pas revendiqué la responsabilité.
Accrochages dans la journée
Dans la journée de vendredi, cinq Palestiniens âgés de 22 à 27 ans sont morts au cours de divers incidents survenus le long de la barrière qui marque la frontière entre le territoire israélien et la bande de Gaza, gouvernée par le mouvement islamiste palestinien Hamas.
Concernant ces accrochages, l'armée a déclaré que quelque 16.000 "émeutiers et manifestants" s'étaient rassemblés près de la barrière frontalière et qu'une partie d'entre eux avaient brûlé des pneus et lancé des pierres, des cocktails Molotov et des grenades sur des soldats israéliens.
Les troupes ont riposté avec "des moyens de dispersion d'émeute", a indiqué un porte-parole de l'armée.
Les Palestiniens manifestent le long de la barrière frontalière au moins une fois par semaine depuis le 30 mars.
Au moins 212 Palestiniens ont été tués par des tirs ou des raids israéliens depuis que ces manifestations ont commencé, selon un comptage effectué par l'AFP. Un soldat israélien a été tué par un sniper palestinien au cours de la même période.
Les manifestants réclament ce qu'ils appellent le "droit au retour" vers des terres situées en Israël et que des familles palestiniennes ont fuies ou dont elles ont été chassées pendant la guerre israélo-arabe de 1948, qui a suivi la proclamation l'année précédente de l'Etat d'Israël.
Les protestataires demandent également la levée du blocus qu'Israël impose à la bande de Gaza.
Pourparlers en cours
Le gouvernement israélien accuse le Hamas, considéré par une grande partie de la communauté internationale comme une organisation terroriste, d'orchester ces manifestations parfois violentes.
Israël et le Hamas se sont livré trois guerres depuis 2008.
La nouvelle flambée de violence compromet les chances de succès des pourparlers qui sont en cours pour tenter de mettre fin à des mois de manifestations.
L'Egypte, frontalière de la bande de Gaza, et l'ONU parrainent des négociations indirectes entre le Hamas et Israël pour tenter de calmer la situation et d'éviter que n'éclate une nouvelle guerre ouverte.
Le quotidien en langue arabe al-Hayat, publié à Londres, a affirmé vendredi qu'un accord avait été atteint, aux termes duquel les manifestations cesseraient en échange d'un allègement du blocus israélien.
Des responsables du Hamas ont démenti qu'un accord ait été conclu mais ont confirmé à l'AFP que des progrès avaient été réalisés.
"Nous nous attendons à parvenir à un accord très bientôt", a dit vendredi un responsable de haut rang du mouvement palestinien sous le couvert de l'anonymat.
Après ce nouvel accès de violence, un responsable du Hamas a déclaré que l'Egypte tentait de nouveau de négocier un retour au calme.
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