Le ministre de la Justice, Jeff Sessions, a confirmé que l'homme arrêté quelques heures plus tôt dans la région de Fort Lauderdale, en Floride, se nommait Cesar Sayoc et qu'il avait été inculpé de cinq chefs d'accusation fédéraux, y compris l'envoi illégal d'explosifs. Il risque jusqu'à 48 ans de prison, selon le ministère.
Il a été identifié grâce à ses empreintes digitales et son ADN, retrouvés sur au moins un des paquets, a précisé le directeur du FBI Christopher Wray.
Treize engins explosifs --composés de bouts de tuyaux en PVC, de fils électriques, de piles et d'un réveil-- ont été au total envoyés à travers les Etats-Unis depuis lundi, visant 11 personnalités, a précisé M. Wray.
"Il se pourrait qu'il y ait d'autres paquets", a-t-il ajouté. "Nous pensons tenir la bonne personne (...) mais beaucoup de questions sont encore sans réponse".
Les autorités n'ont cependant confirmé aucune des informations qui ont émergé ces dernières heures: à savoir que Cesar Sayoc, 56 ans, avait de nombreux antécédents judiciaires, et qu'il était un virulent supporter du président américain.
Sa camionnette, saisie vendredi par les autorités, était recouverte d'autocollants pro-Trump, selon les images diffusées par les télévisions américaines. Enregistré comme républicain sur les listes électorales, il prenait régulièrement pour cible des personnalités démocrates sur les réseaux sociaux.
"Je n'y suis pour rien"
Alors que cette affaire a tendu le climat en pleine campagne pour les législatives américaines du 6 novembre, le président Trump a refusé d'envisager que ses discours souvent agressifs à l'égard des responsables démocrates pourraient avoir poussé à l'acte M. Sayoc.
"Je n'ai pas vu ma photo sur sa camionnette", a-t-il déclaré avant de s'envoler pour la Caroline du Nord. "J'ai entendu qu'il me préférait à d'autres, mais je n'ai pas vu ça. Je n'y suis pour rien".
Le FBI a lui estimé qu'il était "trop tôt à ce stade pour discuter des motivations dans cette affaire".
Juste après l'arrestation, M. Trump avait dénoncé des "actes de terreur ignobles".
"Nous ne pouvons laisser la violence politique prendre racine en Amérique", avait-il déclaré. "Les Américains doivent s'unir et montrer au monde que nous sommes unis, dans la paix, l'amour et l'harmonie".
Deux nouvelles cibles
L'arrestation est survenue vendredi après la confirmation par la police de l'interception de deux colis suspects supplémentaires, en tous points similaires aux précédents retrouvés entre lundi et jeudi, contenant tous des engins qualifiés de potentiellement explosifs.
Les paquets portaient tous la même adresse d'expédition: celle d'une élue démocrate de Floride, Debbie Wasserman Schultz, dont la circonscription inclut le lieu de résidence du suspect.
L'un a été intercepté en Floride, destiné au sénateur démocrate Cory Booker, l'autre dans un bureau de poste de Manhattan, adressé à CNN à l'attention de l'ex-directeur des renseignements James Clapper.
MM. Clapper et Booker, cité comme un candidat possible à la présidentielle américaine de 2020, sont tous deux très critiques du président américain.
Ils s'ajoutaient à une liste de personnalités comportant déjà le financier George Soros, l'ex-président Barack Obama, son ex-vice président Joe Biden, l'ex-secrétaire d'Etat et rivale malheureuse de Donald Trump à la présidentielle de 2016 Hillary Clinton, l'acteur Robert De Niro, l'ex-ministre de la justice de Barack Obama Eric Holder et les élues démocrates californiennes Maxine Waters et Kamala Harris.
- "Mauvais pour la dynamique"
Si M. Trump a appelé vendredi les Américains à l'unité, il n'a cessé depuis mercredi de souffler le chaud et le froid sur cette histoire.
Avant l'arrestation, il avait déploré que cette série noire ait enrayé la "dynamique" dont bénéficiaient selon lui les Républicains à l'approche des élections.
Après l'arrestation, il a émis l'espoir que cette dynamique pourrait maintenant "repartir" et que les républicains allaient remporter "une grande victoire".
Jeudi, il n'avait pas hésité à blâmer les médias d'être à l'origine des vives tensions politiques qui caractérisent actuellement la société américaine.
"Une grande partie de la colère que nous voyons aujourd'hui dans notre société est causée par le traitement intentionnellement inexact et imprécis des médias traditionnels, que j'appelle les +Fake News+", avait-il tweeté jeudi.
De nombreux responsables démocrates l'ont accusé au contraire de "cautionner la violence" et d'attiser les divisions.
"Je pense que le président n'a toujours pas mesuré l'importance de la présidence et l'importance de son poste", a affirmé vendredi sur CNN le gouverneur de New York Andrew Cuomo.
L'acteur Robert De Niro a appelé les anti-Trump à se mobiliser pour les législatives.
"Il y a quelque chose de plus puissant que les bombes, c'est votre bulletin de vote. Les gens DOIVENT voter", a-t-il indiqué vendredi dans un communiqué.
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