Le procès du maire de Draveil (Essonne) a commencé mardi devant les assises de Seine-Saint-Denis. Accusé de viols et agressions sexuelles en réunion, il est jugé au côté de son ex-adjointe à la Culture Brigitte Gruel, 61 ans comme lui.
Virginie Ettel et Eva Loubrieu, 41 et 44 ans, accusent l'élu d'avoir commencé à pratiquer sur elles de la réflexologie plantaire et fini par leur imposer des attouchements et des pénétrations digitales entre 2007 et 2010, avec ou sans Brigitte Gruel.
Non seulement Georges Tron et Brigitte Gruel nient en bloc ces accusations, mais ils réfutent aussi toute relation sexuelle entre eux ou avec d'autres femmes. Georges Tron n'a reconnu qu'une infidélité à son épouse au cours de l'enquête.
Voix claire et posée, pull sur les épaules, une ex-collaboratrice au cabinet du maire devenue ensuite directrice de l'enfance, affirme avoir quitté la mairie en 2014 après un long "isolement".
Elle relate avoir subi des "pressions" et des "brimades" à partir de son audition devant les enquêteurs en 2011. Elle avait alors déclaré avoir eu un rapport avec Georges Tron et son adjointe dans le bureau du maire.
Brigitte Gruel "m'a caressé la poitrine et M. Tron s'attachait à s'occuper de mes pieds. Petit à petit les choses ont dévié", décrit la femme de 50 ans, qui travaille désormais dans une autre ville de l'Essonne.
"C'est quelque chose qui m'a fait du bien à un moment où je n'étais pas bien" après une rupture, dit la cadre qui a entretenu des relations avec des hommes et des femmes.
Elle affirme avoir eu par la suite des rapports intimes avec Georges Tron seul ou en même temps que d'autres employées de la mairie.
Pendant son récit, Brigitte Gruel fait régulièrement non de la tête. Georges Tron se renfonce sur sa chaise, visiblement agacé.
Un des avocats du maire, Antoine Vey, s'emporte, estimant qu'aucun "élément matériel" n'étaie cette relation avec Georges Tron.
Une ancienne assistante parlementaire de l'accusé est ensuite entendue: gênée, elle évoque un "flirt" avec l'élu, une "idylle entre personnes consentantes", allant jusqu'à des caresses appuyées sur le sexe.
Cette relation "n'a pas duré très longtemps parce que ça ne m'apportait pas vraiment satisfaction", dit cette quadragénaire, 29 ans à l'époque.
Lors de l'enquête, Georges Tron a concédé avoir eu une relation "sentimentale" avec elle, faite d'étreintes et de baisers, sans acte sexuel.
Expertises psychologiques
Les expertises psychologiques des plaignantes avaient été présentées dans la matinée. Leurs conclusions déplaisent aux parties civiles.
Eva Loubrieu est dépeinte comme "immature", "un peu tragédienne, un petit peu manipulatrice", avec des "conduites addictives massives" (alcool, drogues, médicaments), une "demande de valorisation considérable" et une "personnalité borderline, entre la névrose et la psychose".
Concernant Virginie Ettel, les experts n'ont pas relevé de "séquelles sexuelles" et noté que l'absence de réaction pendant les scènes qu'elle décrit "semble en contradiction avec sa personnalité".
Depuis le début de la semaine, face aux témoins favorables aux accusés, les parties civiles insinuent qu'ils sont redevables envers le maire (emplois, logement de fonction, attribution d'une HLM...). Ceux censés aller dans le sens des plaignantes sont questionnés par la défense sur leurs liens avec le Front national local. Georges Tron dénonce un "complot".
Jeudi, le témoignage d'une ancienne assistante parlementaire - se présentant comme dégagée de l'"emprise" du "système" Tron - pouvait conforter la version des plaignantes. Elle a toutefois troublé son message en se disant pour la première fois victime de trois agressions sexuelles. La défense a tourné en dérision son "scoop d'audience".
L'affaire avait éclaté dix jours après la retentissante arrestation à New York de l'ex-patron du FMI Dominique Strauss-Kahn, accusé de viol par une femme de chambre. Georges Tron avait démissionné le 29 mai 2011 de son poste de secrétaire d'État à la Fonction publique.
Le procès doit durer jusqu'à la mi-novembre.
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