L'action menée par une trentaine de salariés se déroulait sans heurts, ont constaté des journalistes de l'AFP, avec feux de pneus allumés devant les entrées du site. Une centaine de salariés d'Aulnoye-Aymeries, qui devaient prendre leur poste à 06H00, attendaient dans le calme devant l'entrée principale.
"C'est un blocage complet du site, personne ne rentre. L'idée, c'est de mettre la pression sur Vallourec alors qu'il y a une réunion aujourd'hui à Bercy" sur l'avenir de l'aciérie, a déclaré à l'AFP Nicolas Lethellier, délégué CGT de Saint-Saulve.
Jusqu'à présent, "on a été professionnels, dignes" mais "donéravant, Vallourec, on va l'étouffer", avait prévenu dès mardi Bruno Kopczynski, porte-parole de l'intersyndicale d'Ascoval.
"On est plutôt solidaires de ce qu'il leur arrive. Il y a des craintes tout autour de nous, il y a des restructurations, comme nous le rappelle la mondialisation tous les jours", a déclaré à l'AFP Dany, qui travaille à la tuberie d'Aulnoye depuis 14 ans.Selon lui, Ascoval est le principal fournisseur de tubes et barres d'Aulnoye, où il y a aussi un centre de recherche.
L'aciérie de Saint-Saulve, qui compte 281 employés, est menacée de disparition depuis la liquidation judiciaire en février de son principal actionnaire, Ascq Industries. La justice lui a accordé mercredi un sursis de deux semaines.
Réunion de travail à Bercy
Le groupe Altifort, basé dans la Somme, a fait une "offre ferme" de reprise, s'engageant à maintenir l'ensemble des emplois et en créer 133 nouveaux, mais il demande au sidérurgiste français Vallourec, principal client et premier actionnaire, de maintenir pendant un an et demi son niveau actuel de commandes.
Or, Vallourec, spécialiste des tubes en acier sans soudures et dont l'État est actionnaire à 17%, a refusé en début de semaine cette demande, qu'il juge "contraire à la préservation (de ses) intérêts", suscitant la colère des syndicats et des élus locaux, dont le président de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, fortement mobilisé sur ce dossier.
La secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie, Agnès Pannier-Runacher, qui s'est rendue dans le Nord mardi, réunit l'ensemble des acteurs du dossier ce vendredi à Bercy pour étudier "point par point ce dossier de reprise" et "voir si Altifort peur aller jusqu'au bout du projet".
Mais le gouvernement, avant de prendre toute décision sur un éventuel soutien public, a annoncé jeudi soir qu'il demandait un avis indépendant sur la situation économique d'Ascoval. Le cabinet Roland Berger doit ainsi "rebalayer" tout le dossier.
Une initiative jugée bien trop tardive par les syndicats "à quelques jours de la mort d'un site", selon les mots de Bruno Kopczynski, pour qui "le gouvernement réagit dans la panique".
Devant le site de Vallourec, vendredi matin, Cédric Henry, délégué FO de la tuberie d'Aulnoye-Aymeries (220 salariés), se disait "solidaire" de ses camarades d'Ascoval. "A mon avis, on sera les prochains. Mon sentiment, c'est que Vallourec ne veut plus d'usine en France", déplore-t-il.
"Je les comprends mais, en même temps, je m'inquiète pour ma journée de travail", a témoigné pour sa part Alain Collart, intérimaire chez Vallourec Oil and Gas, pour qui ça devait être la deuxième journée de travail à fabriquer des manchons pour assembler les tubes. "On va peut-être travailler, mais pour l'instant on attend..."
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