L'affaire des envois de bombes artisanales, qui a démarré lundi avec un premier engin explosif déposé au domicile new-yorkais du financier pro-démocrate George Soros, est devenu le nouveau sujet dominant et polarisant de la campagne pour les législatives du 6 novembre, dont l'issue sera déterminante pour la suite de la présidence Trump.
Jeudi matin, un colis suspect similaire à ceux adressés à plusieurs figures démocrates a été découvert aux bureaux new-yorkais de la société de production cofondée par Robert De Niro, l'un des acteurs américains les plus connus et critique notoire du président républicain.
La police a indiqué avoir envoyé sur place une brigade de déminage. Le paquet, adressé à l'acteur, contenait bien lui aussi un engin explosif, a-t-elle précisé, comme ceux envoyés ces derniers jours à la chaîne CNN, cible des attaques de M. Trump, et à des personnalités proches des démocrates et critiques du président: le financier George Soros, la candidate démocrate à la présidentielle de 2016 Hillary Clinton, l'ex-président démocrate Barack Obama et son ex-ministre de la Justice Eric Holder.
La police fédérale américaine (FBI) avait indiqué mercredi soir que tous ces paquets étaient similaires, et portaient tous comme adresse d'expédition celle d'une élue démocrate de Floride.
Personne n'a été mis en danger, mais la police fédérale dit avoir déployé toutes les ressources possibles pour retrouver le ou les auteurs de ces envois, même si aucune arrestation n'a encore été annoncée.
Certains des paquets semblent avoir été livrés "par coursier ou en mains propres", a expliqué jeudi le gouverneur démocrate de New York Andrew Cuomo, et la police passe au peigne fin toutes les images de vidéosurveillance pour essayer d'identifier les livreurs.
De Niro avait insulté Trump
Robert De Niro, 75 ans, devenu célèbre pour son rôle dans "Taxi Driver" et acteur fétiche du cinéaste Martin Scorsese, a souvent critiqué publiquement Donald Trump.
Lors de la cérémonie des Tony Awards, les récompenses de Broadway, en juin dernier à New York, il avait lancé depuis la scène un retentissant "J'emmerde Trump", censuré dans la retransmission télévisée, mais ovationné par la salle.
Deux autres colis suspects "d'apparence similaire aux autres" ont également été adressés dans le Delaware à l'ancien vice-président démocrate Joe Biden, a confirmé le FBI.
M. Biden, vice-président pendant les deux mandats de Barack Obama, est régulièrement cité parmi les candidats démocrates potentiels à l'élection présidentielle de 2020.
Médias "hargneux"
Après avoir appelé les Américains au "rassemblement" mercredi, suite à la confirmation des premières bombes artisanales, Donald Trump a repris ses attaques contre les médias jeudi, les accusant d'être en "grande partie" responsables de la "colère" dans la société américaine.
"Une grande partie de la colère que nous voyons aujourd'hui dans notre société est causée par le traitement intentionnellement inexact et imprécis des médias traditionnels, que j'appelle les +Fake News+", a tweeté le président.
"C'est devenu si mauvais et hargneux que c'est au-delà de toute description", a-t-il ajouté. "Les médias traditionnels doivent mettre de l'ordre dans leurs affaires, VITE!"
Mercredi soir, lors d'un meeting de campagne dans le Wisconsin, il avait déclaré que les médias devaient utiliser "un ton courtois et cesser les hostilités sans fin et les histoires et attaques négatives constantes et souvent fausses".
"Ils doivent arrêter. Nous sommes à 13 jours d'élections très, très importantes", avait-il lancé devant ses partisans, tout en condamnant "tout acte ou menace de violence politique".
Après l'annonce des nouveaux colis suspects jeudi, la porte-parole de la Maison Blanche Sarah Sanders a assuré que le président, "comme il le dit depuis le premier jour de son mandat", "condamne la violence sous toutes ses formes".
Mais de nombreux responsables démocrates accusent le président américain de "cautionner la violence" et d'attiser les divisions.
"Arrêtez de faire des reproches aux autres. Regardez-vous dans la glace, votre rhétorique incendiaire, vos insultes, mensonges et incitations à la violence physique sont honteuses", a tweeté jeudi John Brennan, l'ex-directeur de la CIA John Brennan, virulent détracteur du président et spécifiquement visé par le paquet déposé chez CNN.
Le maire démocrate de New York Bill de Blasio, lui aussi très hostile à Trump, a estimé qu'il était vain d'attendre que le milliardaire change de discours.
"Il est comme ça et va rester comme ça", a déclaré le maire sur CNN. "C'est un problème américain (...) Nous devons créer un climat de respect mutuel et de respect pour les médias. Ce n'est pas Trump qui doit changer, c'est nous".
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