Quelque 50.000 soldats, 10.000 véhicules, 65 navires et 250 aéronefs de 31 pays sont engagés dans l'exercice Trident Juncture 18, qui vise à entraîner l'Alliance atlantique à porter secours à un de ses membres en cas d'agression.
Cet étalage de force survient alors que le président américain Donald Trump a soufflé le chaud et le froid sur l'Otan, notamment sur l'article 5 du traité fondateur qui stipule qu'une attaque contre un pays membre appelle à une réponse collective.
"Concernant l'article 5 et l'engagement des États-Unis, il est solide comme du roc", a affirmé l'amiral américain James Foggo, commandant en chef de l'exercice, lors d'un point de presse à Oslo. "Cet engagement est évident dans nos actions et dans nos gestes".
Les États-Unis fournissent le plus gros contingent à Trident Juncture, avec plus de 9.000 Marines et un groupe aéronaval déployé dans les eaux norvégiennes pour la première fois depuis 1987.
L'exercice a aussi pour toile de fond les vives tensions entre l'Occident et la Russie qui a annexé la Crimée et est accusée de déstabiliser l'est de l'Ukraine, ce qu'elle dément. Moscou a également accru ses capacités militaires dans l'Arctique et conduit en septembre les plus grandes manoeuvres de son histoire en Extrême-Orient.
"L'environnement sécuritaire en Europe s'est significativement dégradé ces dernières années", a souligné mercredi le secrétaire général de l'Otan, le Norvégien Jens Stoltenberg.
"Trident Juncture envoie un message clair à nos nations et à tout adversaire potentiel: l'Otan ne cherche pas la confrontation mais elle sera prête à défendre tous les alliés contre toutes les menaces", a-t-il dit.
Si les manoeuvres se tiennent à distance respectueuse de la frontière de 198 kilomètres qu'elle partage avec la Norvège dans le Grand Nord, la Russie a dénoncé un exercice "antirusse".
"Une telle activité (...) semble provocatrice, même si l'on essaie de la justifier avec des visées purement défensives", a fait valoir son ambassade à Oslo.
'Peurs infondées'
L'amiral Foggo a tenté de désamorcer les critiques.
"Toute peur quelconque de la part de la Fédération russe est infondée", a-t-il assuré. "Nous défendons, nous dissuadons, nous ne nous emparons pas du territoire des autres. Ce n'est pas notre intention et ils ne sont pas le focus de cet exercice".
Deux observateurs russes et deux biélorusses sont invités à l'exercice qui durera jusqu'au 7 novembre.
Depuis des mois, Moscou s'irrite du renforcement en cours de la présence militaire occidentale dans la région. États-Unis et Grande-Bretagne ont en effet décidé d'intensifier les déploiements en Norvège pour acclimater leurs troupes au combat par grand froid.
La porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a fustigé début octobre "des cliquetis d'armes" et promis une "riposte".
"Les principaux pays de l'Otan accroissent leur présence militaire dans la région, à proximité des frontières de la Russie", a-t-elle dénoncé. "De telles actions irresponsables mèneront forcément à la déstabilisation de la situation politique et militaire dans le Nord, à une hausse des tensions".
Celles-ci ont été encore attisées samedi avec l'annonce par Donald Trump du retrait des États-Unis du traité sur les armes nucléaires de portée intermédiaire (INF) de 1987. Reprochant à la Russie de développer un nouveau système de missiles, 9M729, le président américain a menacé d'augmenter l'arsenal nucléaire de son pays.
Outre les 29 pays membres de l'Alliance atlantique, Trident Juncture 18 implique la Suède et la Finlande.
"Nous ne percevons aucune menace militaire contre l'Europe du Nord aujourd'hui mais nous vivons dans une époque incertaine et imprévisible", ont écrit cinq ministres nordiques de la Défense ou des Affaires étrangères dans une chronique commune jeudi.
"Une Russie plus sûre d'elle a démontré à la fois sa volonté et sa capacité à recourir à la puissance militaire pour atteindre ses propres objectifs stratégiques", ont-ils ajouté, en louant l'importance de la coopération sécuritaire entre leurs cinq pays.
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