"Sur l'Italie, je n'ai pas de boule de cristal", a prévenu le président de la BCE, Mario Draghi, se plaçant en spectateur d'un débat avant tout "budgétaire" opposant Rome à Bruxelles, deux jours après le rejet par la Commission européenne des propositions italiennes.
Pressé de questions, M. Draghi s'est néanmoins montré "confiant" sur le fait qu'un "accord quelconque" va être trouvé, pour peu que les deux parties fassent preuve de "bon sens".
Il a dit observer à ce stade une montée "encore modérée" des taux d'intérêt italiens, qui renchérit les emprunts des ménages et des entreprises, mais ne produit pour l'heure que des retombées "limitées" sur d'autres pays.
"Si les taux d'intérêt continuent de monter, cela va réduire la marge de manœuvre budgétaire", a néanmoins ajouté le banquier italien, insinuant que Rome ne pourra pas tout se permettre côté dépenses publiques.
Risques 'équilibrés'
"Le conflit budgétaire opposant le gouvernement italien à la Commission européenne est un conflit politique, dans lequel la BCE doit se montrer neutre", a approuvé l'économiste Marcel Fratzscher, président de l'institut économique DIW.
De toute façon, observe-t-il, "la BCE se retrouve les mains liées et elle ne pourra pas calmer les marchés financiers comme à l'été 2012", au plus fort des craintes d'éclatement de la zone euro, puisque la crise italienne "ne relève pas des banques ou des marchés financiers".
Au sujet du Brexit, qui figure parmi les risques du moment surveillés par la BCE, M. Draghi a dit travailler avec la Banque d'Angleterre pour identifier les "risques potentiels" d'un divorce sans accord.
Mais globalement, l'institution a jugé comme les mois précédents que les risques sur l'économie demeurent "globalement équilibrés", affichant sa sérénité face "au protectionnisme, aux fragilités des marchés émergents et à la volatilité des marchés financiers".
La récente série d'indicateurs décevants atteste certes d'"une dynamique plus faible", mais "pas d'un tournant" annonciateur d'une nette dégradation économique, estime Mario Draghi.
Aussi, l'institution maintient ses scénarios de croissance et d'inflation sur les deux années à venir et a reconduit à l'identique jeudi sa politique monétaire.
Pilote automatique
La BCE a confirmé ses indications de juin et réaffirmé sa décision d'arrêter fin décembre les achats nets d'actifs sur le marché ou "QE" (assouplissement quantitatif), un programme déjà limité à 15 milliards d'euros d'achats par mois depuis octobre.
Les taux directeurs ont été maintenus au plus bas et le resteront "au moins" jusqu'à l'été 2019, une échéance qui sera progressivement précisée l'an prochain.
Les acteurs de marché, anticipant l'après "QE", attendaient de premières indications sur la gestion du stock d'obligations détenues par la BCE à compter de 2019, que l'institut veut maintenir pour préserver des conditions de financement favorables.
Mais le conseil des gouverneurs n'a pas discuté des réinvestissements de ce portefeuille, qui pèsera quelque 2.600 milliards d'euros fin 2018, a déclaré M. Draghi. Cela devrait être le cas lors de la dernière réunion de l'année en décembre.
La fin du "QE" d'ici là se fera en "pilote automatique", un aspect "pas très excitant pour les marchés et les observateurs de la BCE mais très efficace", résume Carsten Brzeski, économiste chez ING Diba.
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