Jeudi à l'aube, après 18 heures de débats et des incidents entre manifestants et police devant le Parlement, le projet de loi a été adopté par 138 députés, contre 103 et 8 abstentions. Le texte doit encore être soumis au vote des sénateurs, probablement au cours de la première quinzaine de novembre.
"Nous sommes face à une crise et le gouvernement doit prendre ses responsabilités. Le malaise social et la récession nous obligent à voter cette loi aujourd'hui", a déclaré Mario Negri, chef de file des députés de la coalition gouvernementale Cambiemos (Changeons).
Confronté à une crise économique, le gouvernement du président de centre-droit Mauricio Macri a obtenu un prêt de 57 milliards de dollars du Fonds monétaire international pour tenter de stabiliser la 3e économie d'Amérique latine, dont la monnaie s'est effondrée de 50% face au dollar depuis le début de l'année.
En contrepartie du déblocage des fonds, le gouvernement s'est engagé à une cure d'austérité budgétaire.
De 6% en 2015, le déficit budgétaire primaire (sans les intérêts de la dette) a été réduit à 3,9% en 2017 par le gouvernement, dont l'objectif de 2,7%
en 2018 devrait être amélioré.
L'Argentine se trouve face à une récession qui devrait atteindre 2,6% du PIB en 2018 et 1,6% en 2019, selon le FMI.
Les Argentins sont confrontés en outre à une inflation de 40% sur les 12 derniers mois, à une crise de l'emploi en raison des licenciements dans le public et le privé et à une forte perte de leur pouvoir d'achat.
Dans ce pays de 44 millions d'habitants, le pouvoir d'achat a été fortement réduit et une part croissante de la population s'oppose à la politique économique du gouvernement.
"Non au budget du FMI"
Le projet de budget est critiqué par les syndicats et l'opposition, notamment Unité citoyenne, le parti de gauche de l'ex-présidente Cristina Kirchner.
Mercredi, des scènes de violence ont émaillé le débat. Des groupes isolés de manifestants ont jeté des pierres sur les forces de l'ordre, qui les ont repoussés des abords immédiats du Congrès à l'aide de grenades lacrymogènes et de balles en caoutchouc.
"Non au budget du FMI. Ne supprimez pas notre futur", scandaient les manifestants.
Vingt-six personnes soupçonnées d'avoir participé aux débordements ont été interpellées. Syndicats et dirigeants de l'opposition ont dénoncé l'action d'infiltrés.
"Avec ce budget, ils viennent de baisser les retraites, augmenter le prix des médicaments, plomber la construction d'infrastructures dans l'éducation et d'assurer des hausses de tarifs dans les transports, les factures de gaz et d'électricité", a dénoncé après le vote l'ex-ministre de l'Economie de Mme Kirchner, Axel Kicillof.
Le budget de 2019 est de 10 milliards de dollars inférieur au budget 2017.
"En Argentine, tous les programmes d'ajustement ont terminé en crise. Vous croyez que cette fois, le Titanic ne va pas couler", a dénoncé le député Agustín Rossi, un autre ancien ministre de Cristina Kirchner.
Pour faire passer le texte, faute de majorité au Parlement, le gouvernement a su rallier les suffrages de l'opposition péroniste modérée, de centre-droit.
Pour le péroniste Miguel Angel Pichetto, figure du Péronisme fédéral, qui a voté le texte, "c'est un budget de restrictions mais nous avons réussi à l'atténuer".
L'opposition est particulièrement préoccupée par les choix économiques et le rythme de l'endettement. Depuis l'arrivée au pouvoir fin 2015 de Mauricio Macri, l'Argentine s'est endettée de plus de 100 milliards de dollars.
Depuis le début du mois, le peso argentin s'est stabilisé sur le marché des changes, au prix d'une politique monétaire coûteuse, avec des taux d'intérêts supérieurs à 70%.
A un an de l'élection présidentielle, la cote de Mauricio Macri, un homme d'affaires de 59 ans, est en chute, alors que celle de Cristina Kirchner remonte, malgré les nombreuses accusations de corruption qui pèsent sur elle.
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