Ces quelque 7.000 personnes, essentiellement des Honduriens, avaient quitté mercredi à l'aube la localité de Huixtla (sud du Mexique), où ils avaient fait une pause d'un jour la veille pour tenter de reprendre leurs forces, de se laver ou se soigner. Certains avaient déjà parcouru 800 kilomètres.
Ils sont arrivés mercredi en fin de journée à Mapastepec, une ville située à plus de cent kilomètres de la frontière mexicano-guatemaltèque, franchie en force le 19 octobre.
Ils ont calculé qu'il leur restait 45 jours pour atteindre les États-Unis. "Quarante-cinq jours, ce n'est rien, ça passe vite. On va gagner, même si on est moulus on gagnera", confie à l'AFP Delmer Rivera, maigre Hondurien de 23 ans.
Fuyant la violence criminelle, l'instabilité politique ou la misère, les migrants affichent leur détermination d'atteindre les États-Unis en dépit des déclarations du président américain Donald Trump. Celui-ci s'est engagé à les stopper en déployant au besoin son armée à la frontière, et a annoncé vouloir couper les aides versées aux pays d'Amérique centrale.
Sur le front politique, le président du Venezuela Nicolas Maduro a vertement répliqué mercredi au vice-président américain Mike Pence. Ce dernier avait la veille suggéré que "des organisations honduriennes de gauche financées par le Venezuela" étaient derrière cette colonne migratoire, après s'être entretenu avec le président hondurien Juan Orlando Hernandez.
"Fou extrémiste"
"Voilà la paranoïa impérialiste d'accuser Maduro et le Venezuela de tout ce qui leur arrive, et eux sont capables de tout", a dit le chef d'État chaviste. "L'incroyable puissance d'influence que j'ai en Amérique centrale, Mike Pence!", a aussi ironisé Nicolas Maduro. "Si ce n'était pas un extrémiste qui le disait, un fou extrémiste, on en rirait".
Le Venezuela est un nouveau pays impliqué dans les tensions que suscite la caravane centre-américaine, en plus du Honduras, du Guatemala, du Mexique et des États-Unis. Ces deux derniers pays entretiennent des relations exécrables depuis l'élection de Donald Trump fin 2016.
En pleine campagne pour les élections législatives de mi-mandat, le président américain tempête depuis plusieurs jours contre ces migrants, dénonçant un "assaut".
Les autorités mexicaines, elles, n'ont pas vraiment empêché les migrants de pénétrer sur leur territoire. Sur différentes tronçons du trajet, ils ont été escortés par des policiers fédéraux et surveillés depuis des hélicoptères, sans toutefois que les forces de l'ordre ne tentent de les bloquer.
"Le Mexique n'a pas à faire le sale boulot pour les États-Unis", a expliqué mardi soir sur CNN l'ancien ministre mexicain des Affaires étrangères, Jorge Castaneda.
Face aux migrants qui se refusent à y demander l'asile, "il y a deux options pour le Mexique: les expulser ou les laisser poursuivre" a-t-il expliqué. Or, "en aucune façon le gouvernement mexicain, actuel ou futur, ne peut expulser 7.000, 8.000, ou 9.000 personnes".
Encouragements
Selon le gouvernement mexicain, 1.700 personnes faisant partie de la caravane ont cependant déposé une demande d'asile au cours des derniers jours.
Sur la route, dans l'État du Chiapas, les migrants ont avancé sous une chaleur éprouvante. "Allez les frères, continuez!", les encourageaient sur le chemin des Mexicains, qui leur donnent aussi de la nourriture et de l'eau. "Mexico! Mexico!", scandaient en retour ces migrants.
Arrivés à Mapastepec, une ville de 17.000 habitants, les migrants ont occupé la place centrale pour s'allonger sur leurs cartons et bâches en plastique. Certains se lavaient aux fontaines de la ville, d'autres prenaient soin de leurs pieds meurtris, d'autres encore ébauchaient quelques pas de danse folklorique.
Plus de 1.500 enfants sont présents dans la colonne, selon les associations humanitaires. Ils marchent en donnant la main à des mères qui ont parfois à peine 20 ans. Elles fuient le Honduras pour éviter à leurs fils d'être recrutés ou tués par les gangs, et à leurs filles d'être enlevées et violées par ces groupes armés, un sort qui menace nombre d'entre eux.
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