Sur les cinq derniers jours seulement, depuis que des milliers de migrants ont passé la frontière entre le Guatemala et le Mexique, ces enfants ont été exposés aux dangers d'une bousculade et de la traversée d'un fleuve, et à une chaleur accablante.
Dans la caravane, beaucoup de mères ont à peine 20 ans. Elles fuient le Honduras pour éviter à leurs fils d'être recrutés ou tués par les gangs, et à leurs filles d'être enlevées et violées par ces groupes armés, un sort qui menace nombre d'entre eux.
Dans cette longue marche semée d'embûches, l'un des dangers pour les parents est de perdre son enfant dans la marée humaine.
"Aidez-moi à retenir cet enfant!" hurlait une volontaire lors d'une récente étape de la caravane en agrippant un garçon de dix ans qui tentait de s'enfuir pour trouver sa mère, perdue dans la foule.
Flanquée de son fils de deux ans simplement vêtu d'une couche, une migrante de 27 ans, Ana Rivera, était à la recherche de sa fille dans un campement improvisé. Non loin, une adolescente, inquiète de voir son fils de trois ans vomir de l'eau sans discontinuer, demandait de l'aide à des équipes médicales complètement débordées.
"pas faire marche arrière"
La caravane, qui a quitté le Honduras le 13 octobre, compte plus de 7.000 personnes selon les Nations unies. Les organisations humanitaires estiment qu'un quart d'entre elles sont des enfants.
Vendredi, alors que la caravane se trouvait à Tecun Uman au Guatemala, dans l'objectif de traverser le pont menant à la ville mexicaine de Ciudad Hidalgo, la foule, comptant de nombreuses femmes et enfants, a forcé la frontière où était déployée la police mexicaine.
Les forces anti-émeutes ont repoussé les migrants et une bousculade s'est ensuivie.
"Nous étions à l'avant, contre la barrière et quand la police a tiré des gaz lacrymogènes, mon bébé s'est pelotonné dans mes bras", raconte Oscar Rodriguez, 22 ans, qui voyage avec sa femme de 18 ans, Ruth Fuentes, et leur enfant de 21 mois, Jasser.
A la frontière, de nombreux migrants ont tenté la traversée du fleuve Suchiate, à bord d'embarcations improvisées. Comme Guadalupe Del Carmen, 29 ans, avec son fils de neuf ans terrifié.
Il a commencé à crier "'Maman, ramène-moi. Maman, je ne veux plus faire ça'. C'était très tendu", raconte la jeune femme, dont le fils, un garçon aux jambes maigres et aux grands yeux noirs, ne perd pas une miette du récit.
"Je lui ai expliqué qu'on ne pouvait pas faire marche arrière, que la situation dans notre pays était trop difficile et que nous devions fuir", poursuit cette Hondurienne, au milieu de migrants aux pieds ensanglantés par la marche, endormis sur des morceaux de cartons humides et sales.
Elle explique être tellement inquiète pour son fils qu'elle est incapable de dormir sur ses deux oreilles depuis qu'elle a quitté son pays.
Jennifer Molina, qui a embarqué avec elle ses deux enfants, âgés de trois et cinq ans, raconte qu'ils ont régulièrement de la fièvre, comme beaucoup d'autres dans la caravane.
"Je sais que c'est dangereux, je sais que nous pourrions nous faire voler nos affaires, mais nous n'avons pas le choix", dit-elle. "Les gangs voulaient forcer mon mari à transporter de la drogue et quand il a refusé, ils ont menacé de tous nous tuer".
Ses enfants, dit-elle, s'imaginent leur vie future: ils "jouent à faire comme s'ils étaient déjà aux Etats-Unis (...) comme si leur grand-mère leur avait acheté une voiture, comme s'ils avaient ci et ça, car ils savent qu'elle les attend là-bas".
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