M. Erdogan doit s'exprimer à partir de 08h45 GMT au Parlement à Ankara lors de la réunion hebdomadaire des députés du parti au pouvoir, trois semaines après la disparition du journaliste.
M. Erdogan prendra la parole quelques heures après l'ouverture à Ryad d'un forum international sur l'investissement, marqué par des désistements en cascade de dirigeants étrangers et chefs d'entreprises, dans la tourmente de l'affaire Khashoggi.
A la veille du forum, le prince héritier saoudien et homme fort du royaume Mohammed ben Salmane a reçu à Ryad le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin, en tournée dans la région mais qui a renoncé à participer à la conférence après le meurtre de Khashoggi.
Le journaliste saoudien de 59 ans, tombé en disgrâce après être devenu critique du régime de Ryad, était entré au consulat de son pays à Istanbul le 2 octobre, pour une démarche administrative. Il n'en était pas ressorti vivant.
"Rien ne restera secret"
"Depuis le début, la ligne de notre président est claire: rien ne restera secret concernant cette affaire", a déclaré lundi le porte-parole de la présidence turque, Ibrahim Kalin.
La Turquie "ne voudrait pas" que ses relations avec l'Arabie saoudite, "pays frère et ami", pâtissent de ce meurtre, a-t-il ajouté. "Par conséquent, une grande responsabilité incombe aux autorités saoudiennes sur la question de l'éclaircissement de cette affaire", selon ce porte-parole.
Le chef de la diplomatie turque Mevlut Cavusoglu a jugé mardi "important" que Ryad ait reconnu le meurtre de Khashoggi, "même si cela est arrivé tardivement".
Il a affirmé que la Turquie était disposée à coopérer avec une éventuelle enquête internationale.
Dès le 6 octobre, une source proche du gouvernement turc avait révélé que la police avait conclu que le journaliste avait "été tué au consulat par une équipe venue spécialement à Istanbul et repartie dans la même journée".
M. Erdogan avait, en vain, appelé les autorités saoudiennes, qui soutenaient que Khashoggi avait quitté le consulat, à présenter des preuves à l'appui de leurs dénégations.
Trump "pas satisfait"
Ryad a fini par avouer samedi que le journaliste était bel et bien mort au consulat, lors d'une "rixe". Il s'agissait d'une "opération non autorisée" par le pouvoir et dont le prince héritier ben Salmane, dit MBS, n'était pas informé.
Avec la succession de révélations macabres dans la presse, cette version n'a pas convaincu.
"Je ne suis pas satisfait de ce que j'ai entendu", a dit lundi le président américain Donald Trump, qui avait déjà déploré la veille les "mensonges" de Ryad.
Son gendre et conseiller Jared Kushner a de son côté conseillé au prince héritier Mohammed ben Salmane "d'être transparent".
Lundi, à la veille du discours très attendu de M. Erdogan, la Turquie a accentué la pression.
"Nous sommes face à une situation qui a été sauvagement planifiée et des efforts conséquents ont été déployés pour dissimuler" ce meurtre, a avancé le porte-parole du parti au pouvoir en Turquie (AKP), Omer Celik.
Selon le journal progouvernemental Yeni Safak, le chef d'un commando de 15 Saoudiens dépêché à Istanbul pour tuer M. Khashoggi a appelé le directeur de cabinet de "MBS", Bader al-Asaker, "quatre fois après le meurtre".
Un chroniqueur proche du pouvoir, Abdulkadir Selvi, a affirmé dans le quotidien Hürriyet que Khashoggi avait été tué par strangulation, avant qu'un expert légiste saoudien ne découpe son corps en 15 morceaux.
Le chef de la diplomatie saoudienne Adel al-Jubeir a affirmé dimanche que les autorités saoudiennes ignoraient où se trouve le corps de Khashoggi. La police turque poursuit les recherches à Istanbul.
Selon les médias turcs, la police a retrouvé lundi un véhicule du consulat saoudien, équipé d'une plaque d'immatriculation diplomatique, "abandonné" dans un parking souterrain d'Istanbul. Le consulat saoudien n'a pas autorisé sa fouille, selon la chaîne NTV.
Mardi, M. Jubeir a assuré lors d'une visite à Jakarta que des mesures seraient prises par Ryad pour qu'un meurtre comme celui de Khashoggi "ne puisse plus se reproduire".
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