"Robert Faurisson revenait d'Angleterre quand il s'est écroulé" chez lui dimanche soir, a déclaré à l'AFP Yvonne Schleiter, sa sœur. Son éditeur Akribeia a confirmé à l'AFP le décès de l'universitaire.
Ancien professeur de littérature de l'Université de Lyon, Robert Faurisson avait fait face à une cascade de procès après que ses thèses eurent été publiées dans la presse, fin 1978, déclenchant une tempête de protestations indignées chez les victimes de la Shoah et dans toute la société française et européenne.
Cet homme, mort dimanche soir dans la ville thermale qui incarne la mémoire du régime collaborationniste de Vichy, soutenait que le génocide des juifs par les nazis était un mensonge destiné à récolter des dommages de guerre. Il assurait aussi haut et fort que les déportés juifs étaient morts de maladie et de malnutrition. Il contestait l'authenticité du Journal de la jeune juive néerlandaise Anne Frank.
Robert Faurisson a "rendu un grand service involontairement" en permettant que la Shoah soit "l'un des évènements les mieux connus du monde", a réagi lundi Serge Klarsfeld, inlassable militant de la connaissance de la Shoah.
"Les négationnistes (...) ont fait comprendre au monde juif et au monde scientifique qu'il fallait un grand travail universitaire à travers le monde occidental pour pouvoir écrire chaque page de la Shoah d'une façon très précise", a ajouté le président de l'association des Fils et filles des déportés juifs de France, qui avec sa femme Beate ont été surnommés les "chasseurs de nazis" pour leur apport fondamental dans les procès de Klaus Barbie et de Maurice Papon.
"Le combat continue"
Membre de "l'Association pour la défense de la mémoire du maréchal Pétain", il avait perdu en 2007 contre Robert Badinter qui l'avait qualifié de "faussaire de l'Histoire".
L'année précédente, il avait exprimé ses thèses à la télévision iranienne avec un certain impact dans certains milieux intellectuels et religieux du monde musulman en lutte contre l'État d'Israël. Ce qui l'avait rapproché notamment du polémiste controversé Dieudonné qui l'avait invité sur la scène du Zénith en 2008.
"Le négationniste Robert Faurisson est mort mais ses +thèses+ immondes vivent encore. Le combat pour la vérité historique continue face aux faussaires de l'Histoire", a réagi la Fondation pour la mémoire de la Shoah sur Twitter.
Pour l'historienne Valérie Igounet, "le négationnisme ne va pas mourir avec Faurisson et ses héritiers veulent porter son discours, comme on le voit sur les réseaux sociaux" et dans les discours antisionistes et antisémites de personnages médiatiques comme Dieudonné.
Robert Faurisson, précise-t-elle à l'AFP, a repris des thèses d'extrême droite fascistes qui circulaient dans l'après-guerre mais qui n'étaient pas audibles, en se prévalant de sa qualité de professeur de littérature. Il y a trouvé un moyen à la fin des années 70 pour acquérir une notoriété médiatique. Sans être affilié à un parti d'extrême-droite, il faisait partie de plusieurs amicales.
Se rendant en 1976 à Auschwitz, Robert Faurisson avait prétendu, après avoir consulté certaines archives, pouvoir prouver que les chambres à gaz ne pouvaient avoir fonctionné comme cela était établi par les historiens. Il avait alors été non seulement soutenu par l'extrême droite, mais aussi par une fraction très minoritaire de l'utra-gauche.
"Je ne connaissais pas Robert Faurisson, mais les moyens considérables employés durant des décennies pour le réduire au silence me paraissent emblématiques du recul des libertés d'expression et d'opinion dans notre pays", a affirmé lundi dans un communiqué l'ex-leader du Front national Jean-Marie Le Pen.
La ministre chargée des Affaires européennes Nathalie Loiseau a souhaité l'enterrement pour toujours du "négationnisme hideux", "sans fleurs ni couronnes".
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