C'était il y a un an : en octobre 2017, l'université de Caen, et plus particulièrement l'association étudiante Corpo Médecine, était ébranlée par des révélations de bizutage en son sein. Les faits se sont produits au cours des années précédentes, et avaient été signalés par des syndicats au procureur de la République. L'enquête est toujours en cours. La parole sur le sujet, elle, ne semble pas s'être libérée. "Ce ne sont souvent pas les personnes concernées qui viennent se plaindre", déplore Marc Zabalia, vice-président de l'université. "Les victimes ne se considèrent pas victimes, elles n'ont pas conscience de ce qu'est le bizutage." Du côté des responsables étudiants, Marc Zabalia constate tout de même "une prise de conscience". L'université de Caen a décidé de mettre en place des formations à destination de ces derniers. La dernière a eu lieu le 22 septembre, et d'autres ateliers sont prévus au printemps 2019.
La Corpo Médecine s'est voulue "irréprochable" cette année. Elle a opté pour des jeux de société, un concours de danse et un bubble-foot. - Corpo Médecine Caen
Sensibiliser à l'effet de groupe
Encadrées par des animateurs de la CEMEA, les formations sensibilisent au consentement, à l'effet de groupe ou encore au sexisme. "Des fois, il n'y a pas forcément de volonté d'humilier", explique Étienne Sanson, qui assure ces formations. "Ils essayent de faire quelque chose bon enfant mais c'est raté. Pour ces étudiants, le bizutage implique forcément une mise en danger. Selon eux, les brimades ne relèvent par exemple pas du bizutage." Au cours de la formation, Étienne Sanson met les étudiants, via des jeux simples, dans des situations où ils peuvent se sentir perdus. "On leur demande ensuite comment ils l'ont vécu." L'exercice a été apprécié par une majorité des responsables étudiants. "Ça nous a aidés à comprendre ce qu'était la pression de groupe", témoigne Sarah Baudu-Piquet, présidente de la Corpo Médecine. "C'est utile, c'est sûr !", poursuit Teva Pietruszka, responsable de l'Association des étudiants en langues vivantes et étrangères, qui a organisé sa soirée d'intégration fin septembre. Au moment d'élaborer les jeux, il s'est "mis à la place des étudiants. On nous a aussi expliqué qu'il fallait prévoir des boissons softs pour ceux qui ne boiraient pas d'alcool." Si ces formations n'ont pas de caractère obligatoire, elles conditionnent l'attribution d'un local pour les associations étudiantes, ainsi que des subventions.
Marc Zabalia, vice-président de l'université. - Etienne Escuer
Deux événements reportés cette année
De plus, les responsables doivent désormais prévenir l'université de chaque soirée d'intégration organisée. Un document de quelques pages, où il faut indiquer le lieu, le nom des organisateurs, la sécurité prévue, les affiches… Deux événements ont ainsi été reportés en cette rentrée, en raison d'un veto de l'université. "L'un d'entre eux semblait être obligatoire et précisait de pas venir avec des vêtements fragiles", détaille Marc Zabalia, qui a demandé à l'association visée de revoir sa copie. Si les associations étudiantes semblent moyennement emballées par cette demande de l'université, elles admettent "comprendre" la mise en place de ce dispositif, après la polémique de l'an dernier. Reste que certaines "traditions" de rentrée, humiliantes, semblent perdurer dans l'enseignement supérieur, comme en témoigne la polémique autour de l'ENSICAEN.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.