En l'absence de version officielle, les spéculations allaient bon train dans les médias et sur les réseaux sociaux sur la personnalité et l'entourage du tueur, identifié par les autorités comme Vladislav Rosliakov, 18 ans.
Selon le quotidien Kommersant, le jeune homme a "grandi dans une famille assez pauvre": son père, handicapé, ne vivait pas avec sa mère, qui travaille dans une clinique médicale et est membre des Témoins de Jéhovah, une organisation considérée comme "extrémiste" et interdite en Russie.
Plusieurs médias font le rapprochement avec la tuerie dans un lycée aux Etats-Unis qui avait fait 13 morts en 1999, alors que des photos présumées du tueur de Kertch diffusées mercredi sur internet le montrent portant une tenue similaire à celle d'Eric Harris, l'un des deux auteurs du massacre de Columbine.
Le tueur "se déplaçait de salle en salle et, comme un combattant expérimenté des forces spéciales, jetait d'abord une grenade artisanale avant d'entrer en tirant au fusil sur les gens", souligne Kommersant, qui évoque un "crime sans précédent pour la Russie", où existe un contrôle strict des armes à feu, contrairement aux Etats-Unis.
Le dirigeant de la Crimée, Sergueï Aksionov, a estimé jeudi que le tueur "n'a pas agi seul". "Un tel événement préparé à l'avance, à mon avis et de l'avis de mes collègues, ne pouvait être réalisé en solitaire", a-t-il déclaré.
Les enquêteurs cherchent désormais à savoir si le tueur présumé avait ou non des complices et s'il a agit "sous l'influence" de quelqu'un.
Des soldats de la Garde nationale ont été déployés dans tous les établissements scolaires de la péninsule, a indiqué M. Aksionov.
Le dernier bilan de la tuerie publié par les autorités fait état de 20 morts, dont neuf mineurs, et d'une quarantaine de blessés, en majorité des élèves de ce lycée de Kertch, qui accueille des adolescents suivant des cursus techniques.
Les chirurgiens ont dû procéder à l'amputation de plusieurs membres en raison des blessures causées par des billes métalliques incorporées à la bombe artisanale que l'auteur de la tuerie a fait exploser. Chez certaines victimes, les muscles ont été littéralement "hachés" par ces morceaux de métal, a déclaré la ministre russe de la Santé, Veronika Skvortsova.
"Tendance dangereuse"
Alors que certaines voix se sont élevées en Russie pour appeler à durcir la législation sur le port d'arme, le porte-parole du Kremlin a indiqué que des "décisions impulsives" étaient à éviter, disant vouloir privilégier "une approche sérieuse et systémique" du problème des tueries dans les écoles.
"C'est une tendance très dangereuse qui demande une analyse profonde. Il faudra prendre des mesures pour minimiser ou exclure totalement de tels risques dans le futur", a affirmé Dmitri Peskov.
A Kertch, ville de la péninsule de Crimée annexée en 2014 par la Russie, le lycée a été bouclé dans la nuit par la Garde nationale, l'armée et la police, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Les habitants ont monté un petit autel commémoratif sur le trottoir, sur lequel ont été déposées des fleurs, des bougies et quelques peluches et où les gens viennent se recueillir.
"Il y a eu une explosion au premier étage et de la poussière et du plâtre ont commencé à tomber du plafond. Nous avons entendu une sirène et couru dans le couloir (...) Dehors, il y avait beaucoup d'étudiants allongés, inconscients, d'autre qui étaient assis et hurlaient", a raconté à l'AFP Viktoria Voïko, une élève de l'établissement venue se recueillir.
"J'ai vu énormément de personnes allongées sur les bancs en train de perdre du sang. C'était horrible", abonde Alexeï Mikhaïlov, un élève qui dit avoir perdu plusieurs camarades dans la tragédie.
Le mobile de cette tuerie est pour le moment inconnu. Selon M. Aksionov, l'assaillant, qui recevait une bourse pour ses études, n'avait jamais fait preuve d'agressivité dans son collège.
Le corps du tueur a été découvert dans la bibliothèque du lycée, où il s'est donné la mort, selon les autorités. Il avait obtenu légalement un permis de port d'arme en passant avec succès tous les tests psychologiques, selon une source des services de sécurité citée par l'agence RIA Novosti.
"Personne ne peut garantir que cela ne se reproduira plus", souligne le journal Izvestia, relevant qu'"il n'existe toujours pas en Russie de service de psychologie de qualité en milieu scolaire, ni de système de centres d'aide familiaux en cas de crise ou d'organisme fédéral chargé de la sécurité des établissements scolaires".
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