"France is the new Germany" (la France est la nouvelle Allemagne). Gary Lineker s'est amusé mardi soir du passage de témoin symbolique opéré entre les nouveaux champions du monde français et leurs prédécesseurs, à qui ils ont chipé le froid réalisme autrefois propriété de la Mannschaft.
La célèbre maxime de l'ex-attaquant de l'équipe d'Angleterre, désormais consultant vedette de la BBC et fine gâchette de Twitter, n'est plus vraie. Non, le football n'est plus ce jeu "où 22 types courent après un ballon, et à la fin c'est l'Allemagne qui gagne"!
Mardi au Stade de France, c'est Olivier Giroud et les siens qui ont beaucoup couru, d'abord derrière les rapides attaquants allemands, puis après le score quand Toni Kroos a ouvert la marque sur penalty.
"On a essayé de réagir derrière, raconte le capitaine Hugo Lloris. Mais il ne fallait pas partir à tout va, il fallait garder son calme, sa sérénité pour éviter de prendre le deuxième but derrière."
L'équipe de France a en effet fait preuve de discipline et prouvé que sa jeunesse (moyenne d'âge proche de 25 ans) pouvait rimer avec sagesse, surtout dans les moments difficiles.
Au retour des vestiaires, les partenaires d'Antoine Griezmann, double buteur, ont poussé sans trop s'exposer aux contres allemands. Et leur patience a finalement été récompensée d'une réussite clinique face au but de Manuel Neuer. A l'allemande.
"Ne pas paniquer"
L'équipe "sait gérer" ces situations délicates, a souligné Raphaël Varane, le jeune (25 ans) et multi-titré (quatre Ligue des champions gagnées avec le Real Madrid) patron de la défense française.
"On a réussi à gagner la Coupe du monde sur des valeurs mentales", malgré des "moments difficiles" où il a fallu "faire le dos rond", a rappelé le défenseur central, satisfait de voir les ressorts de l'été russe toujours fonctionner cet automne.
"Il ne faut pas perdre ces valeurs-là, ne pas paniquer. On a confiance en nous, on sait de quoi on est capable", s'est félicité le vice-capitaine.
La force de caractère des champions du monde ne fait pas tout, bien sûr. Sans intensité, les Bleus ont subi contre l'Islande puis en première période contre l'Allemagne. Sans le réalisme d'un homme (Kylian Mbappé jeudi, Antoine Griezmann mardi), ils auraient sûrement connu leur première défaite depuis mars 2018.
C'est en conjuguant les deux qu'ils ont évité la casse à Guingamp et gagné à Saint-Denis.
Des "attitudes" qui "réveillent"
"La première période (c'est) un peu comme le match contre l'Islande, où ce n'était pas nous, ni dans les duels, ni dans les efforts pour les coéquipiers. Le coach et des joueurs ont parlé à la mi-temps et en seconde période on a vu l'équipe qui a été championne du monde", résume Griezmann.
Son capitaine a prolongé l'analyse: "Lorsque l'équipe élève son niveau, les talents s'expriment mieux", selon Lloris.
Au-delà des buteurs providentiels, le sélectionneur peut compter sur quelques hommes de l'ombre capables de sonner la révolte quand son équipe "ronronne" un peu trop, pour reprendre l'expression qu'il utilise face à la presse.
Contre l'Islande, c'est le nouveau venu Tanguy Ndombélé qui a amené de la percussion et du mouvement à sa sortie du banc. Face à l'Allemagne, Lucas Hernandez, passeur décisif sur le premier but de Griezmann, a endossé ce rôle en apportant la "grinta" qui fait la marque de fabrique de son club, l'Atlético Madrid.
"A un moment, des actions, des attitudes d'un ou deux joueurs réveillent un peu tout le monde", relève Deschamps.
Après le rêve russe, les Bleus ont évité des lendemains difficiles et c'est l'essentiel.
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