Les internautes qui suivent Jean-Luc Mélenchon sur Facebook ont été les premiers informés de la venue de policiers chez lui, dans le cadre de deux enquêtes, l'une sur de présumés emplois fictifs au Parlement européen, l'autre sur ses comptes de campagne de la présidentielle.
"Nous sommes perquisitionnés chez tout le monde. La secrétaire générale du groupe à l'Assemblée, mes anciens assistants qui ont vu débouler aussi les flics à 07H00 du matin, on leur prend leurs téléphones, on leur prend leurs ordinateurs. Au siège du Parti de gauche dont je suis membre, au siège du mouvement la France insoumise", proteste un M. Mélenchon indigné dans cette vidéo filmée avec son téléphone et diffusée en direct sur le réseau social, tandis que des policiers s'affairent en arrière-plan.
"Demain ils trouveront une excuse pour me foutre en cabane comme Lula (l'ancien président brésilien, incarcéré, NDLR) (...) Ce n'est pas normal ! (...) Ce gouvernement naît dans la honte", s'insurge l'ancien candidat à la présidentielle, bien décidé à utiliser les réseaux sociaux pour dénoncer un "coup de force" en plein remaniement gouvernemental.
"On pousse !"
Un peu plus tard dans la matinée, changement de décor. Au siège de la France insoumise, près de la Gare du Nord à Paris, la scène est cette fois filmée par un journaliste de Libération. "Enfoncez la porte, camarades !", crie M. Mélenchon à ses proches, pour tenter d'entrer dans les locaux de LFI, où les policiers mènent leur perquisition. Pendant plusieurs minutes le groupe fait le forcing devant des policiers impassibles.
Une porte s'ouvre finalement de l'autre côté du palier. On entend un cri: "On pousse !" et les députés Insoumis envahissent les locaux. Trois journalistes parviennent à s'introduire dans la pièce au milieu des cris, Jean-Luc Mélenchon interpelle le représentant du parquet et les policiers.
"Vous me perquisitionnez depuis quatre heures chez moi. Vous avez été prendre neuf personnes à domicile, vous envahissez deux sièges politiques. Je suis le président d'un groupe d'opposition. Vous n'avez pas à me traiter de cette manière. Je n'ai pas volé de cigarettes !"
"Nous menons des opérations de police judiciaire dans un cadre légal", répond le parquetier.
"rien à cacher"
Une fois les policiers partis, les Insoumis, pour certains sous le choc improvisent une conférence de presse dans la rue, tandis que des sympathisants appelés à la rescousse crient "Résistance".
"On m'a empêché d'assister à la procédure administrative alors que je suis le responsable légal de la France insoumise, je n'ai pas pu assister aux opérations (...) Aucun PV ne m'a été proposé à être signé", dénonce Manuel Bompard, coordinateur des campagnes de LFI.
"Un policier m'a attrapé par le cou, attrapé par le bras, m'a tiré. Ce policier, sa hiérarchie est venue en lui disant +calme-toi+. J'ai été violenté, agressé (...) Ce qui s'est passé est inacceptable", accuse le candidat aux européennes, affirmant qu'il va "porter plainte au commissariat pour les coups qui (lui) ont été portés".
S'exprimant à son tour, Jean-Luc Mélenchon prend à témoin la foule et les journalistes. Derrière lui, le député Alexis Corbière, dénonçant une "agression politique intolérable", a l'air au bord des larmes.
"Nous sommes des honnêtes gens, nous ne participons à aucun trafic, nous n'avons rien à cacher !", clame M. Mélenchon en promettant de publier toutes les factures de sa campagne.
Et regardant la caméra, il traite le président Emmanuel Macron de "petit personnage" avant de s'en prendre à la ministre de la Justice Nicole Belloubet, rectrice à l'époque où M. Mélenchon était ministre délégué à l'Enseignement professionnel: "Mme Belloubet (...) vous devriez avoir honte de ce que vous êtes en train de me faire. Parce que vous m'avez connu comme votre ministre, vous m'avez connu autrefois il y a longtemps comme votre ami. Ce que vous êtes en train de faire est une honte!".
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