Ce remaniement intervient après une longue attente de près de 15 jours, un record, depuis la démission du ministre de l'Intérieur Gérard Collomb le 2 octobre.
Annoncé tôt par un simple communiqué, il est destiné à donner à l'exécutif un nouvel élan après un été et une rentrée chaotiques marqués par l'affaire Benalla et le départ de Nicolas Hulot.
C'est "une équipe gouvernementale renouvelée, dynamique, dotée d'un second souffle", a expliqué l'Elysée. Mais son "mandat politique reste le même" et elle "va inscrire son action dans la continuité de la politique menée par le gouvernement et du calendrier des réformes pour les mois à venir", a précisé la présidence.
Plus jeune que le précédent, ce gouvernement comprend, outre le Premier ministre Edouard Philippe, 34 membres, dont 17 femmes, selon le principe de parité. Il compte 21 ministres dont un seul ministre d'État, François de Rugy (Transition écologique), qui se retrouve ainsi numéro deux.
Emmanuel Macron et Edouard Philippe ont "été extrêmement attentifs à ce que les équilibres femmes/hommes, hommes politiques/société civile, droite/gauche soient respectés" comme "aux origines" du quinquennat entamé sous le signe du "en même temps" macronien, a insisté l'Elysée.
Pour l'expert Philippe Moreau-Chevrolet, Emmanuel Macron a ainsi voulu "constituer de façon durable un gouvernement de coalition à l'allemande, une forme de cohabitation. Exit les paillettes glamour de la campagne, nous sommes dans l'âge de raison, dans la politique pure et dure."
Ce "mecano gouvernemental" ne "marque pas vraiment un rééquilibrage à gauche", souligne Bruno Cautrès, chercheur au Cevipof. "Permettra-t-il à Emmanuel Macron de combattre l'impopularité? Je n'en suis pas sûr".
Évoquée ces dernières semaines, une intervention du président dans les médias n'est pour l'instant pas programmée.
Castaner épaulé
En l'absence de l'arrivée de personnalités connues du grand public, le principal changement est la nomination de Christophe Castaner, 52 ans, au ministère de l'Intérieur. Mais ce fidèle des fidèles du président, qui va quitter la tête de La République en Marche (LREM), perd le titre de ministre d'Etat et sera épaulé par un expert de la sécurité, Laurent Nuñez, l'actuel directeur de la DGSI (Direction générale de la Sécurité intérieure).
De plus, son ministère perd les collectivités territoriales, désormais dévolues à un grand ministère confié à Jacqueline Gourault, qui remplace Jacques Mézard. Cette ex-sénatrice Modem aura la charge de rétablir le lien avec les élus locaux " abîmé par des incompréhensions durant les premiers mois du quinquennat", a expliqué l'Elysée.
Comme prévu, Françoise Nyssen quitte le ministère de la Culture, remplacée par Franck Riester, 44 ans, un ancien Les Républicains qui a créé son propre parti de centre-droit, Agir. Et Stéphane Travert laisse le portefeuille de l'Agriculture à Didier Guillaume, 59 ans, un ancien PS, fidèle de François Hollande puis de Manuel Valls.
Parmi les autres entrants figure Marc Fesneau, 47 ans, proche de François Bayrou, au poste de ministre chargé des Relations avec le Parlement, à la place de M. Castaner.
Par ailleurs, des redécoupages ministériels traduisent l'accent mis sur des objectifs prioritaires de l'exécutif.
Ainsi le secrétariat à l'Egalité entre les femmes et les hommes de Marlène Schiappa est étendu à la lutte contre les discriminations.
"Remaniement consanguin"
Gabriel Attal, étoile montante de LREM, va épauler le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer pour mettre en place le Service national universel, battant au passage le record de plus jeune secrétaire d'Etat, à 29 ans.
De même, Christelle Dubos, autre députée LREM et ex-travailleuse sociale, est chargée de la stratégie de lutte contre la pauvreté au côté d'Agnès Buzyn.
Christophe Castaner ayant annoncé dans la foulée qu'il quitterait son poste de chef de LREM, le pouvoir doit de nouveau trouver un patron pour un parti encore à organiser en vue des européennes de 2019 et des municipales de 2020.
"Le besoin de nouveau souffle est bien incarné avec ce remaniement", s'est félicité auprès de l'AFP Richard Ferrand, le président LREM de l'Assemblée.
Mais pour Julien Aubert, député LR, "c'est un remaniement assez consanguin". "A quoi sert un remaniement gouvernemental si c'est pour garder la même politique?", s'est interrogé Jean Leonetti, vice-président du parti de droite.
"Castaner à l'Intérieur: avec Emmanuel Macron, le pire est toujours sûr...", a réagi Marine Le Pen (RN).
Jean-Luc Mélenchon a pour sa part accusé le nouveau ministre de l'Intérieur d'avoir orchestré une "énorme opération de police politique" avec les perquisitions menées à son domicile et au siège de La France insoumise.
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