La nouvelle équipe ministérielle devait initialement être connue lundi, selon plusieurs sources gouvernementales, mais les inondations qui ont endeuillé l'Aude ont conduit le Premier ministre Édouard Philippe à se rendre sur place, et à reporter d'au moins une journée toute annonce.
Elle est désormais attendue dans la matinée, avant les questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, prévues à 15H00.
Le remaniement doit mettre fin à une période de flottement, déclenchée par la démission fracassante, le 2 octobre, du ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, suivant de peu celle d'un autre pilier du gouvernement, Nicolas Hulot.
D'abord pressentie a minima, la refonte de l'équipe gouvernementale a gagné en profondeur au fil des jours.
"Il y aura des entrants, des sortants, certains changeront de job à l'intérieur du gouvernement" avec aussi de possibles "changements de périmètre" et "redécoupages de portefeuilles", a indiqué mercredi l'Élysée.
Si l'exécutif a récusé toute tension entre le président de la République, soucieux de promouvoir ses fidèles, et le Premier ministre, non membre de La République en marche et qui pousse des familiers du centre droit juppéiste dont il est issu, les entourages des deux hommes ont néanmoins reconnu "des discussions" entre eux.
Un temps évoquée, l'hypothèse d'une démission du gouvernement et d'un nouveau discours de politique générale d'Edouard Philippe devant l'Assemblée a été écartée en début de semaine dernière. Et l'annonce du remaniement reportée sans explication.
Lundi, la députée LREM Amélie de Montchalin a concédé l'existence d'"une période de flottement relatif". Mais, a juré cette proche du Premier ministre, la nouvelle équipe sera "100% à sa tâche, 100% dédiée aux Français".
Durant tout le week-end, le duo Macron-Philippe a poursuivi d'intenses consultations pour finaliser l'équipe qui doit donner un nouveau souffle au quinquennat d'Emmanuel Macron, accusé par certains "d'arrogance" et d'avoir perdu le contact avec le terrain.
En jeu: maintenir l'équilibre macronien, avec des personnalités venant du centre gauche, du centre et du centre droit, dans un souci de parité hommes-femmes et laissant la part belle à la société civile, incarnation de la promesse du nouveau monde.
Et des surprises ne sont pas exclues.
- Castaner à l'Intérieur ? -
A l'Intérieur, pour succéder à Gérard Collomb, Christophe Castaner, chef du parti présidentiel LREM et secrétaire d'Etat chargé des relations avec le Parlement, tient désormais la corde. Il pourrait être épaulé par un expert, sur le modèle de Jean-Michel Blanquer à l'Education.
Les noms du procureur de Paris François Molins - connu des Français depuis les attentats de 2015 -, la directrice de la PJ Mireille Ballestrazzi et Jean Castex, un haut fonctionnaire qui a servi Nicolas Sarkozy à l'Élysée, ont ainsi été cités.
Annoncés sortants, Jacques Mézard (Cohésion des Territoires) pourrait bénéficier d'un futur renouvellement du Conseil constitutionnel, alors que Stéphane Travert (Agriculture) pourrait être promis à la direction du parti présidentiel.
François Nyssen, ministre de la Culture, est également en difficulté, à la suite de l'enquête ouverte pour des soupçons de travaux litigieux dans les locaux parisiens de la maison d'édition qu'elle dirige, Actes sud.
Les centristes du MoDem pourraient pour leur part récupérer un ou deux portefeuilles, comme Marc Fesneau, leur chef de file à l'Assemblée.
La ministre auprès du ministre de l'Intérieur, Jacqueline Gourault, une fidèle de François Bayrou, peut espérer un ministère de plein exercice.
D'autant que MM. Macron et Philippe pourraient décider de retisser des liens avec les territoires en créant un ministère ad-hoc, face à une grogne croissante des collectivités locales illustrée notamment par la polémique sur la taxe d'habitation et le mouvement #Balancetonmaire.
A gauche, les noms de l'ancienne ministre de François Mitterrand, Frédérique Bredin, ou des ex-socialistes Juliette Méadel et Didier Guillaume, ont également été évoqués.
Reste que ce remaniement continue de concentrer les critiques de l'opposition qui dénonce un délai anormalement long: "écroulement de l'autorité du président" pour Jean-Luc Mélenchon (LFI), "désordre institutionnel" selon Brice Hortefeux (LR), "on joue aux dés", a dénoncé lundi Marine Le Pen (RN).
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