"Mais qu'est-ce qu'ils ont dans la tête ? Il faudrait que tout ça s'arrête", plaidait lundi matin une sexagénaire du quartier où l'adolescent a été mortellement blessé.
Dimanche soir, après l'annonce de la mort du collégien, les CRS ont été temporairement déployés pour prévenir toute reprise des hostilités. "On aurait bien aimé qu'ils restent plus longtemps", glisse la riveraine.
Elle affirme avoir vu une partie de la bagarre samedi depuis un immeuble, à la lisière entre les communes des Lilas et de Romainville: "Ils se lançaient des bouteilles de verre, s'injuriaient..."
Dans cette proche banlieue parisienne densément peuplée où les frontières entre les villes se confondent, les protagonistes de la rixe venaient des Lilas et de Bagnolet, mais aussi du Pré-Saint-Gervais et de Romainville, est-il indiqué lundi dans un communiqué de la préfecture de Saint-Saint-Denis.
Le collégien est décédé dimanche à l'hôpital parisien où il avait été transporté. Originaire de Bagnolet, il se plaignait de douleurs sur tout le corps.
Une autopsie devait être réalisée pour déterminer les causes exactes de son décès. L'affaire a été confiée à la police judiciaire du département.
Au total, cinq mineurs âgés de 14 à 17 ans étaient en garde à vue lundi, a indiqué à l'AFP une source proche de l'enquête. Deux d'entre eux se sont rendus à la police dimanche en fin de journée et trois autres ont été interpellés lundi matin.
"Nous n'avons pour l'heure pas identifié le motif de la rixe" impliquant une vingtaine de jeunes armés de bâtons et de barres de fer, a ajouté la source proche de l'enquête.
"Echec de la société"
"Ce genre de violences, avec des individus parfois très jeunes, n'est hélas pas nouveau mais reste dramatique", relevait dimanche un policier connaisseur de la Seine-Saint-Denis. "Le pire c'est que ces violences ont souvent des motifs extrêmement futiles", selon lui.
Elève dans le lycée proche de l'endroit où le collégien a été tabassé, un adolescent de 15 ans soulignait que "parfois il y a des rumeurs selon lesquelles il y aura des gens (d'autres quartiers) qui vont venir se battre, mais il ne s'était rien passé depuis longtemps".
"À l'âge où l'on se cherche", certains "s'affirment en se battant pour obtenir une image forte et faire comme les grands", estime Noam, un lycéen de 16 ans.
Une réunion s'est tenue sous l'égide du préfet de la Seine-Saint-Denis afin "d'engager une réflexion sur le moyen de rompre cette culture du conflit inter-cités ou inter-communes, et parfois aussi inter-établissements scolaires", explique la préfecture dans son communiqué.
Cette "culture" est "sans lien avec d'autres types de délinquance (trafic de drogues notamment)", a-t-elle précisé.
La préfecture indique que les policiers locaux vont recenser les "familles des personnes impliquées, en vue de réponses sociales et de prévention adaptées".
Il faut "prendre la mesure du phénomène et qu'on arrête de banaliser ça", a déclaré à l'AFP le maire des Lilas Daniel Guiraud.
"On ne doit pas mourir à 13 ans", insiste l'élu PS, pour qui un tel événement traduit "l'échec de la société face à des problèmes qu'elle devrait être en mesure de régler".
Selon le ministère de l'Intérieur, 90 bandes organisées sont répertoriées en France, dont près de la moitié à Paris et dans sa proche banlieue.
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