L'électronique et les nouvelles technologies étaient moins présentes, forcément. Les couleurs et les bruits étaient différents. Mais la joie était assurément la même, à Rouen (Seine-Maritime), à l'heure du grand rendez-vous annuel de la Foire Saint-Romain. Aujourd'hui installée au pied du pont Flaubert, hier sur les quais de la rive gauche, les nostalgiques se souviennent encore du temps où la fête prenait place chaque année sur les grands boulevards autour du Boulingrin, de la place Cauchoise à la place Saint-Hilaire.
Les manèges à sensations n'ont pas attendu le XXIe siècle pour faire fureur. - Jacques Tanguy
Comme ceux d'aujourd'hui, les enfants d'hier étaient évidemment attirés par les manèges. Parmi les plus mémorables ? Les mythiques auto-Camors, qui ont marqué des générations. Mais aussi "les motos du mur de la mort" ou "la loterie Parisienne avec ses chanteurs qui chantaient en play-back", pour Roberte Strobel. Anne-Marie Le Pape, elle, se souvient surtout de L'assiette au beurre, "où les spectateurs payaient pour voir les jeunes qui étaient éjectés. Eux ne payaient pas et celui qui restait gagnait quelque chose". La loterie du Lido, elle aussi, rappelle de nombreux souvenirs aux habitués de cette ancienne version de la foire. À l'époque, pas encore de peluche géante, de mini-moto ou de smartphone dernier cri à remporter, mais simplement des paniers garnis, des litres d'huile ou des kilos de sucre.
Majorettes, cochon grillé et femme à barbe
La Foire Saint-Romain, jusqu'à son déménagement sur les quais en 1982, c'était également un ensemble d'animations. À commencer par le cirque, installé au milieu de la place du Boulingrin. Mais il y avait aussi des animaux, des combats de catch, des défilés de majorette. Au milieu de toutes les odeurs, tous les goûts et toutes les lumières de la foire, ce qui a le plus marqué Jacques Tanguy, ce sont les Baraques fantastiques. "J'étais gamin mais je me souviens de la femme à barbe, d'un mouton à cinq pattes et de la plus grosse femme du monde. Je ne l'ai pas vue mais je me souviens d'un gars qui présentait un slip grand comme ça", explique-t-il, gestes à l'appui, en écartant les bras autant que possible. Comme tant d'autres rouennais, Jacques Tanguy essaye maintenant de transmettre ses souvenirs à ses petites filles. "Dès le début de la foire, on va directement manger du cochon grillé dans un des restaurants. Ce cochon, son odeur… C'est un petit peu ma madeleine de Proust à moi", affirme-t-il en rigolant.
En plus des manèges, les animations rythmaient tout un mois de festivités. - Jacques Tanguy
Pour d'autres, ce moment de fête évoque des promenades en famille, des tours de manège partagés avec des parents aujourd'hui disparus, la rencontre d'un premier petit-ami, des jeudis et des week-ends de repos à s'amuser entre copains… Les plus téméraires, comme Michèle, se souviennent d'avoir fait l'école buissonnière en escaladant une barrière "pour aller acheter une pomme d'amour ou faire un tour d'autos tamponneuses". Que ces délinquants repentis se rassurent : pour ces méfaits, il y a désormais prescription.
Pratique. La Foire Saint-Romain, quai Émile-Duchemin à Rouen. Lundi, mardi, mercredi, jeudi et dimanche de 14 heures à 23h30 ; vendredi, samedi et veille de jour férié de 14 heures à 1h30.
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