"Avec plusieurs problèmes importants qui restent à résoudre, dont le backstop en Irlande du Nord (dispositions dites du filet de sécurité posées par l'UE), il a été convenu que des discussions en face-à-face étaient nécessaires en amont du sommet européen", a déclaré un porte-parole du ministère du Brexit.
Le conseil européen des 17 et 18 octobre sera en grande partie consacré au Brexit. Il devait initialement marquer la fin des négociations entre Londres et Bruxelles, avant la sortie du Royaume-Uni de l'UE, prévue le 29 mars. Le ministre britannique des Finances, Philip Hammond, a reconnu cependant qu'il était "extrêmement ambitieux" d'imaginer la conclusion d'un accord au cours du sommet.
"Il nous faut des progrès substantiels", a réclamé le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, à l'approche de la rencontre, qui constituera un "moment de vérité" selon le président du Conseil européen, Donald Tusk.
La Première ministre britannique, Theresa May, réunira mardi, à la veille du sommet, ses principaux ministres pour évoquer notamment le devenir de la frontière entre la province britannique d'Irlande du Nord et la république d'Irlande, qui demeure une des difficultés majeures de ces négociations et divise le gouvernement.
Plusieurs ministres menacent de démissionner, rapporte la presse britannique, si Mme May ne revoit pas ses plans. Les noms de la ministre des Relations avec le Parlement, Andrea Leadsom, et de la ministre du Développement international, Penny Mordaunt, ont été cités à plusieurs reprises.
L'ancien ministre en charge du Brexit, David Davis, qui avait lui-même démissionné en juillet sur fond de désaccord avec Theresa May, a appelé les membres du gouvernement à "exercer leur autorité collective" face aux "défauts fondamentaux" de la stratégie de la Première ministre, dans une tribune publiée par le Sunday Times.
"Temporaire signifie éternel"
Londres s'est engagé à ne pas réinstaurer de frontière matérielle sur l'île d'Irlande, conformément à l'accord de paix du Vendredi saint signé en 1998, mais cet engagement va à l'encontre de sa volonté de quitter le marché unique et l'union douanière européenne.
Mme May a proposé de maintenir un "arrangement douanier temporaire" entre le Royaume-Uni et l'UE, jusqu'à l'émergence d'une solution sur la question de la frontière irlandaise.
Mais au sein de son parti conservateur, cette option a été balayée par les eurosceptiques, qui craignent qu'elle ne devienne permanente et empêche la conclusion d'accords commerciaux avec des pays tiers. "Temporaire signifie éternel", a lancé samedi le député Jacob Rees Mogg lors d'un évènement organisé par le groupe pro-Brexit Leave means Leave.
Un porte-parole de Theresa May a cependant écarté le scénario d'une union douanière à durée illimitée, précisant qu'il durerait jusqu'en décembre 2021 au maximum. "La Première ministre n'accepterait jamais un accord qui piégerait le Royaume-Uni de manière permanente", a-t-il affirmé.
Le ministre irlandais des Affaires étrangères, Simon Coveney, a, lui, refusé d'imaginer une date limite à un tel dispositif, estimant qu'il devrait "rester en place jusqu'à ce qu'une meilleure alternative se présente".
"Respecter ses principes"
Mais pour Bruxelles, exclure une frontière physique sur l'île d'Irlande revient à déplacer la frontière, et les contrôles qu'elle implique, entre l'Irlande du Nord et la Grande-Bretagne.
"Il y aura des procédures administratives qui n'existent pas encore pour les marchandises en provenance du reste du Royaume-Uni qui arrivent en Irlande du Nord", a affirmé Michel Barnier.
Cette perspective a été jugée "inacceptable" par le petit parti nord-irlandais DUP. Elle constituerait une "annexion permanente de l'Irlande du Nord, qui sortirait du Royaume-Uni, et nous laisserait pour toujours soumis à des règles écrites sans que nous ayons notre mot à dire", a déploré sa dirigeante, Arlene Foster, dans une tribune publiée samedi par le Belfast Telegraph.
Alliés du parti conservateur, les 10 députés du DUP apportent au gouvernement le complément indispensable pour qu'il dispose d'une majorité absolue au Parlement de Westminster. Le parti est désormais "prêt pour un scénario (de sortie) sans accord", rapporte dimanche The Observer.
Pour dissiper les inquiétudes, une prolongation de la période de transition, qui doit s'étendre jusqu'en décembre 2020 et au cours de laquelle le Royaume-Uni serait maintenu au sein du marché unique et de l'union douanière, serait à l'étude à Bruxelles, selon plusieurs médias britanniques.
Mais cette hypothèse a été critiquée par certains élus eurosceptiques du parti conservateur, qui craignent qu'elle n'alourdisse la facture du divorce à régler par Londres.
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