"Mon adversaire fomente la violence, y compris la culture du viol. Il a dit à une députée qu'il ne la violerait pas parce qu'elle ne le méritait pas. Vous voulez un signal plus fort?", a lancé Haddad, rappelant les propos de son adversaire à l'encontre de la députée de gauche Maria do Rosario, en 2014.
"Armer la population ne va rien résoudre, c'est l'Etat qui doit s'occuper de la sécurité publique", a ajouté le candidat du Parti des Travailleurs (PT), en référence à une proposition phare de Bolsonaro, favori du deuxième tour du 28 octobre, de libéraliser le port d'arme alors que le pays connait une flambée de violence.
Fernando Haddad, qui a obtenu 29% des voix au premier tour du 7 octobre, loin derrière un Bolsonaro à 46%, croit tout de même en ses chances, même si le premier sondage de l'entre-deux tours donne le candidat d'extrême droite largement vainqueur (58% contre 42%).
"Cette personne est en tête des sondages, mais elle va perdre", a assuré l'ex-maire de Sao Paulo.
"Problème institutionnel"
"Il a toujours incité à la violence, imaginez une personne qui a pour héros un des plus grands tortionnaires du continent", a-t-il insisté au sujet d'un hommage rendu dans le passé par Bolsonaro à un haut gradé accusé de torture durant la dictature (1964-85).
"Comment une personne qui prône l'intolérance peut-elle promettre la sécurité?", a poursuivi celui qui a remplacé en tant que candidat du PT l'ex-président Luiz Inacio Lula da Silva, incarcéré pour corruption et déclaré inéligible.
Une série d'agressions la semaine dernière de militants de gauche attribuée à des bolsonaristes a inquiété au Brésil et Bolsonaro avait dû appeler ses partisans au calme.
Pour Haddad, l'ex-capitaine de l'armée "a très peu de propositions" pour résoudre les problèmes de sécurité.
"La sécurité est un problème institutionnel et il doit être résolu par le biais d'une réforme qui donnera de nouvelles attributions à la police fédérale" pour coordonner la lutte contre le crime organisé, a-t-il affirmé.
Au Brésil, les forces de sécurité sont sous la responsabilité de chacun des 27 Etats, sans réelle coordination au niveau national, malgré la création récente d'un ministère de la Sécurité publique.
À une question sur les risques d'un nouveau coup d'Etat militaire au Brésil, il a répondu: "votre question est révélatrice de l'époque que nous vivons de Brésil, avec des menaces contre la démocratie. C'est très grave".
"Nous devons nous montrer capables d'inverser la vapeur, parce que ce sont les droits du peuple qui sont en jeu aujourd'hui", a-t-il insisté.
Lula "très satisfait"
Fernando Haddad a admis que le PT "a commis des erreurs" lors des 13 années qu'il a passées au pouvoir (2003-2016). Il a reconnu que la "corruption est une chose intolérable" au Brésil, promettant de "renforcer les contrôles internes dans les entreprises publiques".
Depuis 2014, l'opération "Lavage-express", plus grande enquête anticorruption de l'histoire du Brésil, a révélé un gigantesque réseau de détournement de fonds liés à des entreprises publiques, notamment la compagnie pétrolière Petrobras.
Les scandales ont éclaboussé pratiquement tous les partis traditionnels, y compris le PT de Lula, qui purge depuis avril une peine de 12 ans et un mois de réclusion, même s'il nie farouchement toute malversation.
Parfois accusé d'être une "marionnette" de Lula, à qui il a rendu visite dans sa prison tous les lundis ces dernières semaines, M. Haddad nie avoir reçu quelconque recommandation de la part de son mentor lors de sa visite au lendemain de sa qualification.
"Il était juste très satisfait que j'aille au second tour", a-t-il révélé, rappelant qu'il a dû sauter dans le train de la campagne en marche un mois seulement avant le premier tour, quand Lula, devenu inéligible, a jeté l'éponge.
"Personne ne pensait que j'arriverais au second tour. J'ai obtenu 29% des voix, j'ai 42% d'intentions de vote, donc je trouve qu'en un mois nous avons fait un beau travail", a-t-il conclu.
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