"Bonne nouvelle, le pasteur Brunson est en vol", a lancé Donald Trump à des journalistes. "Je crois qu'il est en bonne forme" après avoir "beaucoup souffert", a-t-il ajouté.
Le président des Etats-Unis a précisé qu'il l'accueillerait dans le Bureau ovale à la Maison Blanche "probablement samedi".
Entretemps, le pasteur a fait une escale dans la nuit de vendredi à samedi en Allemagne à la base militaire de Ramstein où il a été accueilli par l'ambassadeur américain à Berlin Richard Grenell. "Quand je lui ai offert le drapeau américain, il l'a immédiatement embrassé", a déclaré ce dernier sur son compte twitter.
Le tribunal d'Aliaga, dans la région d'Izmir en Turquie, avait auparavant condamné le pasteur à trois ans et un mois de prison. Mais il l'avait remis en liberté immédiatement et avait levé son interdiction de sortie du territoire en tenant compte du temps déjà passé en prison et de son comportement pendant son procès, selon une correspondante de l'AFP sur place.
Après un an et demi de détention et plus de deux mois en résidence surveillée, Andrew Brunson a été reconnu coupable de soutien à des "organisations terroristes", en l'occurrence les séparatistes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et le réseau de Fethullah Gülen, le prédicateur accusé par Ankara d'avoir orchestré le putsch manqué de juillet 2016.
Des accusations toujours rejetées en bloc par l'homme d'église âgé de 50 ans ainsi que par l'administration américaine, qui avait mis une pression sans précédent sur le gouvernement turc pour obtenir la libération pure et simple de cet "innocent".
"Je suis un homme innocent. J'aime Jésus, j'aime la Turquie", a déclaré pendant l'audience de vendredi le pasteur, qui portait un costume sombre sur une chemise blanche.
Il s'est ensuite rapidement rendu à l'aéroport d'Izmir, dans l'ouest du pays, où il a salué les journalistes à son arrivée avec sa femme Norine. De là, il s'est envolé à bord d'un avion militaire américain avec pour première destination la base américaine de Ramstein, en Allemagne, où il devait passer de rapides examens médicaux.
Il est attendu à la base aérienne d'Andrews, près de Washington, samedi à midi (16H00 GMT).
"J'aime Jésus, j'aime la Turquie"
Installé en Turquie depuis une vingtaine d'années, il était à la tête d'une petite église protestante à Izmir.
La crise diplomatique alimentée par cette affaire entre ces deux pays alliés au sein de l'Otan a provoqué un effondrement en août de la livre, la monnaie turque, et mis en lumière les fragilités de l'économie turque.
Son cas a été brandi par des conservateurs chrétiens américains, une importante base électorale pour Donald Trump, qui a qualifié Andrew Brunson de "merveilleux pasteur chrétien" et d'"otage patriote". Sa libération est donc une victoire pour le président à moins d'un mois d'élections législatives délicates pour son camp républicain.
Washington avait haussé le ton cet été et imposé une série de sanctions à la Turquie.
Selon Anthony Skinner, du cabinet de consultants en risques Verisk Maplecroft, l'économie turque, frappée en août par un doublement des taxes douanières américaines sur l'acier et l'aluminium, "se serait trouvée sous des pressions encore plus accrues" si le pasteur n'avait pas été libéré.
"Nous sommes passés par un système et nous avons obtenu sa libération", s'est réjoui le président américain, tout en niant tout "accord" avec la Turquie avec un assouplissement de la pression économique à la clé.
Les deux parties ont en tout cas récemment affiché une volonté d'apaisement, le président turc Recep Tayyip Erdogan faisant notamment le voeu d'une amélioration des relations avec Washington.
Autres contentieux
Pour autant, les contentieux ne sont pas tous dissipés entre les deux pays, dont l'alliance a notamment été mise à rude épreuve ces derniers mois par le conflit syrien.
Dès que le pasteur Brunson a quitté l'espace aérien turc, Mike Pompeo a appelé Ankara à "libérer rapidement" les autres Américains toujours détenus en Turquie, notamment Serkan Gölge, un scientifique de la Nasa, ainsi que des employés locaux de missions diplomatiques américaines.
Un autre dossier qui nourrit les tensions entre les deux pays est celui de la banque publique turque Halkbank, dont l'ex-directeur général adjoint Mehmet Hakan Atilla a été condamné en mai aux Etats-Unis à 32 mois de prison après avoir été reconnu coupable de contournement des sanctions américaines contre l'Iran.
Une amende colossale pourrait être infligée à Halkbank, une perspective qui inquiète le pouvoir turc, qui selon des médias, espérait un compromis dans le cadre d'un éventuel marché impliquant la libération d'Andrew Brunson.
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