Il est 11 heures, vendredi 12 octobre 2018 et dans la cuisine du centre d'hébergement des mineurs migrants non accompagnés de Missy Val d'Arry (Calvados), les plats sont bientôt prêts pour le repas du midi.
Derrière les fourneaux, Abdulaziz Almohamad, réfugié syrien, arrivé en France en 2015. Il y travaille depuis sept mois en tant que second de cuisine. Il élabore les repas avec Pierre Cabrera, son chef. Au menu du jour : tomates et œufs durs, boulettes d'agneau et ratatouille et fromages blancs à la vanille en guise de dessert.
De chauffeur de taxi à cuisinier
Dans une autre vie, Abdulaziz Almohamad était chauffeur de taxi à Homs. Avant d'arriver en France, il est passé par la Jordanie où il a appris son nouveau métier. L'année dernière, il a participé au Refugee Food Festival. Une sorte de "tremplin" qui lui a permis d'être embauché par le département du Calvados pour travailler dans le centre d'hébergement. "Aujourd'hui je suis bien et je remercie la France".
Le Refugee Food Festival est organisé par le département du Calvados dans le cadre du prix Bayeux des correspondants de guerre. L'événement donne l'occasion à des chefs réfugiés de pousser la porte des établissements scolaires et de rencontrer des élèves afin de témoigner de leur expérience, leur vie et bien évidemment faire découvrir les mets traditionnels, l'histoire et la culture de leur pays.
Entre 7 heures du matin et 20 heures le soir, les trois cuisiniers du centre se partagent les tâches. Et il a fallu apprendre à travailler en équipe et dépasser la barrière de la langue. "Abdulaziz a fait d'énormes progrès et très rapidement en très peu de temps", a remarqué Pierre Cabrera. Aujourd'hui, il écrit la liste des courses et les menus en français, "et chez moi mes enfants me parlent en français alors je suis obligé de progresser", rigole-t-il.
En sept mois Abdulaziz a énormément progressé en français : il écrit les menus et la liste des courses. - Margaux Rousset
Abdulaziz et Pierre connaissent les jeunes du centre. Ils les voient au réveil, pendant leur cours de français, à table bien évidemment. Alors Abdulaziz s'adapte : "je sais qu'un jeune est végétarien alors je vais faire un plat sans viande, un autre voudra un plat plus épicé". Les cuisiniers sortent 160 repas chaque jour. "Ce sont des gamins et la nourriture c'est important pour eux. Ça permet aussi de se sentir bien", complète Pierre.
Chaque jour, les cuisiniers sortent 160 repas. - Margaux Rousset
Cette année, Abdulaziz n'a pas participé au Refugee Food Festival et c'est son seul regret. Mais le rendez-vous est pris pour l'année prochaine.
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