Roeun Bunthon, ancien enfant des rues, est l'un d'eux. "J'ai arrêté de mendier. C'est comme si on m'avait donné une seconde chance", raconte l'adolescent de 12 ans, tout en prenant des notes pendant un cours d'anglais.
Sun Sreydow, 10 ans, espère, elle, que cet apprentissage lui permettra d'accomplir son rêve: devenir médecin.
Située à une centaine de kilomètres de Phnom Penh, au coeur de la chaîne des Cardamomes, l'école Coconut School est presque entièrement construite à partir de déchets. Les murs ont été érigés avec des pneus peints, les toits avec des bouteilles en plastique et des centaines de capsules colorées dessinent le drapeau national à l'entrée de l'établissement.
Ouverte en 2017, elle ne remplace pas l'école publique à laquelle les enfants sont toujours tenus d'aller, mais complète l'enseignement dans plusieurs matières – l'anglais, les mathématiques, le khmer, l'informatique – tout en apprenant aux élèves à recycler.
Le but de Ouk Vanday, un ancien directeur d'hôtel à l'origine de cette initiative, est double.
Il s'agit d'abord d'offrir une éducation complémentaire aux enfants les plus défavorisés dans un pays où ces derniers sont souvent envoyés mendier pour contribuer à subvenir aux besoins de leur famille.
Soutenue par des enseignants bénévoles et des dons, Coconut School, qui accueille une soixantaine d'élèves, "ne demande pas d'argent, même si elle n'est pas gratuite pour autant", souligne Ouk Vanday.
Pour s'acquitter du droit d'entrée et payer les frais mensuels, les élèves apportent des emballages plastiques qui serviront notamment à agrandir l'établissement.
"Je dis toujours aux enfants: donnez-moi des ordures et je vous donnerai une instruction", souligne Ouk Vanday, 34 ans, qui a lancé une première école de ce type sur une île près de Phnom Penh en 2013.
3,6 mégatonnes de déchets
L'objectif est aussi de lutter contre la prolifération des déchets alors que le petit pays d'Asie du Sud-Est en a produit 3,6 millions de tonnes en 2017, d'après les statistiques du ministère de l'Environnement.
Seules 11% des ordures sont recyclées dans le royaume, 48% sont brûlées ou jetées dans des rivières, le reste étant acheminé vers des sites d'enfouissement ou des dépotoirs en constante expansion, ce qui comporte de grands risques sanitaires et écologiques.
Ouk Vanday estime qu'il faudra peut-être "10 à 15 ans" aux Cambodgiens pour prendre conscience de ces enjeux, mais espère que ses élèves vont aider au changement.
"Ces jeunes deviendront de nouveaux militants (environnementaux) au Cambodge, qui auront compris comment utiliser, gérer et recycler les déchets", relève-t-il.
En attendant, il a plusieurs projets en tête.
Il souhaite construire à partir de déchets recyclés, notamment de pneus usagés, une réplique du célèbre temple Angkor Vat et ouvrir "un musée des ordures".
Il prévoit aussi en 2022 une école flottante à partir des déchets jetés dans le lac Tonlé Sap près de Siem Reap (centre), le plus grand lac d'eau douce d'Asie du Sud-Est.
Quant à Coconut School, une classe maternelle va ouvrir l'année prochaine et l'établissement espère pouvoir accueillir prochainement quelque 200 enfants.
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