Au deuxième et dernier jour de ce sommet, les États membres de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) choisissent une secrétaire générale entre Mme Mushikiwabo et la sortante canadienne Michaëlle Jean.
Il n'y a pas de suspense. Mme Jean, ancienne politicienne et journaliste native d'Haïti, a vu ses minces chances s'envoler avant même le sommet, quand le Canada et le Québec lui ont retiré leur soutien.
L'OIF réunit 84 États et gouvernements "ayant le français en partage", dont 26 observateurs et quatre "membres associés", un stade supérieur qui permet de participer à davantage de réunions mais sans cependant octroyer de droit de vote. L'Afrique regroupe 27 des 54 États membres ayant droit de vote.
La nomination acquise de Mme Mushikiwabo consacre le retour du continent à la tête de l'Organisation, qui avait toujours été dirigée par des Africains depuis sa création en 1970, et entérine son rôle incontournable de locomotive de la Francophonie.
"L'épicentre de la langue française est sans doute dans le bassin du fleuve Congo", a ainsi souligné jeudi le président français Emmanuel Macron.
Avec sa démographie dynamique, l'Afrique représentera 85% des francophones en 2050, sur un total de 700 millions, contre 274 millions aujourd'hui, selon l'OIF.
Quelques réserves
En 2014, à Dakar, Mme Jean avait battu une multitude de candidats africains qui ne parvenaient pas à s'entendre. Si certains gouvernements espéraient d'elle un renouveau de l'OIF, son bilan n'a pas nécessairement convaincu, surtout la France, premier contributeur au budget.
Son mandat a été par ailleurs marqué par des dépenses somptuaires, comme la rénovation de sa résidence officielle dans un quartier chic de Paris, pour quelque 330.000 euros selon la presse québécoise, aux frais des contribuables canadiens.
À Erevan, 26 chefs d'État et 3.500 délégués participent à ce XVIIe sommet de l'OIF.
Si le poste de secrétaire général est traditionnellement attribué par "consensus", la candidature Mme Mushikiwabo a suscité quelques réserves.
Le Rwanda a en effet remplacé le français par l'anglais en tant que langue obligatoire à l'école, et a rejoint le Commonwealth, pendant anglophone de l'OIF. C'est en anglais que le président rwandais Paul Kagame avait annoncé la candidature de sa ministre des Affaires étrangères.
Mais le plurilinguisme n'est pas contraire à la défense du français, a estimé M. Macron. "Le combat fondamental pour notre langue est un combat pour le plurilinguisme", a-t-il lancé.
Le président français est un fervent soutien de la candidature rwandaise, en dépit des débats sur la protection des droits fondamentaux au Rwanda. La charte de l'OIF a en effet inscrit "le soutien aux droits de l'Homme" parmi ses missions premières.
Jeudi, l'OIF avait fait entrer comme observateurs trois nouveaux pays, l'Irlande, Malte et la Gambie, et l'État américain de Louisiane. L'Arabie saoudite, qui souhaitait également ce statut, a demandé le "report" de sa demande d'adhésion. Elle suscitait une certaine hostilité, en plein scandale de la disparition d'un journaliste critique du régime de Ryad, Jamal Khashoggi, jamais revu après être entré au consulat saoudien d'Istanbul le 2 octobre.
A LIRE AUSSI.
Francophonie: contestée au sujet des droits de l'Homme, l'Arabie se retire
En sommet à Erevan, la Francophonie s'apprête à introniser une Africaine
Leïla Slimani, "Mme Francophonie" de Macron, veut "déringardiser le français"
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.