Au lendemain de sa pire séance depuis février, Wall Street se ressaisissait un peu à l'ouverture jeudi.
Son indice vedette, le Dow Jones Industrial Average, reculait de 0,21% vers 13H50 GMT, tandis que le Nasdaq, à forte coloration technologique, grappillait 0,05%.
Mais la dégringolade de mercredi a lourdement pesé sur les Bourses asiatiques et européennes.
La Bourse de Hong Kong a ainsi clôturé jeudi en baisse de 3,54%, Tokyo de 3,89%, tandis que Shanghai a plongé de plus de 5% et celle de Shenzhen de 6,45%.
Le recul était moins fort, mais toutefois marqué, en Europe: Paris perdait 1,25% vers 13H45 GMT, Londres 1,43% et Francfort 0,68%.
Les investisseurs s'inquiètent notamment du durcissement de la politique de la Réserve fédérale (Fed), engagée dans un processus de hausse des taux d'intérêt après avoir abreuvé les marchés d'argent pas cher pendant des années.
Piqué au vif par la chute des marchés boursiers mercredi, Donald Trump avait d'ailleurs accusé mercredi la Fed d'être "tombée sur la tête".
Il a remis la pression sur cette institution indépendante jeudi en souhaitant que "la Fed soit moins agressive, parce que je pense qu'ils font une grosse erreur".
Donald Trump a continuellement mis en avant la hausse des marchés boursiers depuis son arrivée au pouvoir comme preuve de son savoir-faire économique.
L'excellente santé de l'économie américaine est aussi son principal argument pour les législatives de mi-mandat qui se tiennent début novembre et qui s'annoncent difficiles pour son parti.
"Inévitable"
"Si ce n'est pas le rôle du président américain de s'immiscer dans les +affaires courantes+ de la Banque centrale américaine, il convient cependant de rappeler que Donald Trump n'a pas tout à fait tort", ont remarqué les analystes de Mirabaud Securities Genève.
"L'élément majeur qui pourrait enrayer l'expansion du cycle économique n'est autre qu'une erreur de politique monétaire", ont-ils estimé.
Les rendements obligataires américains sont de fait soudainement remontés la semaine dernière après des propos du président de la Fed, Jerome Powell, laissant entendre que l'institution allait encore durcir sa politique monétaire pour éviter toute surchauffe de l'économie américaine, particulièrement dynamique.
Or les investisseurs redoutent que la remontée des taux ne freine l'appétit des consommateurs et des entreprises pour les emprunts destinés à l'investissement, à l'achat de biens immobiliers ou de consommation.
Combinées aux interrogations persistantes sur les conséquences des guerres commerciales engagées par la Maison Blanche, ces craintes incitent les courtiers de Wall Street à la prudence. D'autant qu'ils attendent la saison des résultats d'entreprises, qui entre dans le vif du sujet vendredi avec les comptes trimestriels de grandes banques.
Tentant de calmer le jeu après la charge de Donald Trump, le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin a dit depuis Bali, où il participe aux assemblées annuelles du FMI et de la Banque Mondiale: "Je ne pense pas qu'il y ait eu des nouvelles de la Fed aujourd'hui qui n'aient pas été connues avant (...) Les marchés montent et descendent".
Pour la directrice du FMI Christine Lagarde, de tels relèvements de taux "sont un développement nécessaire" et "inévitable" pour les économies comme les États-Unis enregistrant une croissance robuste, une inflation accrue et un chômage "extrêmement bas".
Les analystes mettent également en avant d'autres sources d'inquiétude pour expliquer la chute des bourses mondiales.
Les tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis continuent d'alimenter les craintes pour "leur impact sur la croissance chinoise", la deuxième puissance économique mondiale, ont ainsi estimé les analystes du courtier Aurel BGC.
Les investisseurs "jugent que le secteur technologique serait le principal touché par un ralentissement plus marqué de l'activité chinoise", ont-ils ajouté.
Le projet de budget italien, qui prévoit un bond du déficit du pays, pourrait également affecter les places boursières européennes.
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