Jérôme Spiesser dit avoir voulu être archéologue "dès tout petit" et après de nombreuses années d'études et un doctorat quasiment en poche - sa soutenance a lieu en novembre 2018 à la Sorbonne à Paris - c'est chose faite. Le jeune homme de 30 ans vient d'obtenir un contrat de deux ans à Caux Seine Agglo à Lillebonne (Seine-Maritime).
Il est précisément chargé d'études en archéologie pour le projet Juliobona, du nom de la cité antique créée sur cette rive de la Seine par l'empereur Auguste au Ier siècle. Caux Seine Agglo veut, avec ce projet et en partenariat avec le musée du Louvres, valoriser son patrimoine archéologique.
Le théâtre romain est le lieu le plus connu mais il reste de nombreuses autres choses à découvrir sur cette ancienne ville.
Le déclin de Juliobona
Une question principale va guider le travail de Jérôme Spiesser : pourquoi Juliobona, pourtant capitale de la cité des Calètes (le territoire correspondant à l'actuel Pays de Caux), a décliné en seulement quelques dizaines d'années, au point de quasiment disparaître ? Juliobona se trouvait pourtant à un endroit stratégique du point de vue du commerce puisqu'à l'embouchure de la Seine, comme l'est, à une autre échelle, Marseille.
Le déclin de Juliobona.
C'est une interrogation qui intéresse bien au-delà des frontières normandes puisque cela pourrait permettre de savoir quel système de développement des villes adopter, ou plutôt ne pas adopter. "Aujourd'hui, on manque d'exemples très concrets pour expliquer pourquoi notre territoire est celui qu'il est, pourquoi les villes sont à tel endroit, etc.", raconte Jérôme Spiesser.
D'un port maritime à un port fluvial ?
L'archéologue a déjà quelques pistes pour expliquer ce déclin : "Je vais essayer de voir si elle n'a pas été court-circuitée dans les réseaux commerciaux notamment par Rouen, explique-t-il. Il faut voir aussi si son port n'a pas eu des problèmes d'ensablement avec une diminution de la taille du cours d'eau, ce qui fait que l'on serait passé d'un port maritime à un port fluvial. Il peut aussi y avoir eu une invasion des Saxons au IIIe siècle et enfin, il y a des questions sur la perte de son bassin rural car qu'est-ce qu'est une ville sans les campagnes alentour qui l'approvisionne ?"
"Réveiller un sentiment de territoire"
Mais pour déterminer les causes exactes de sa chute, l'archéologue va devoir fouiller dans les vestiges mais surtout dans les archives du musée gallo-romain de Lillebonne, du musée des Antiquités de Rouen et aussi demander l'aide de particuliers qui ont peut-être retrouvé des objets antiques dans leur jardin.
Son travail sera ensuite de créer une carte, un plan de la cité antique. Le tout premier.
En "creusant" ainsi le sujet, la ville espère pouvoir "réveiller une histoire locale, un sentiment de territoire", souligne Samuel Craquelin, vice-président de Caux Seine Agglo, et surtout développer le site et le tourisme.
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