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Réforme des retraites: le gouvernement abat ses premières cartes

Après des mois de concertation sur le futur système "universel" de retraite voulu par Emmanuel Macron, le gouvernement a enfin dévoilé ses premiers arbitrages, ce qui a satisfait la plupart des partenaires sociaux, sans dissiper toutes leurs craintes.

Réforme des retraites: le gouvernement abat ses premières cartes

Ce sera donc un système par points, financé par tous les travailleurs jusqu'à 10.000 euros bruts de revenus mensuels, qu'ils soient salariés du public et du privé, et où une majoration sera accordée "dès le premier enfant".

Cette fois, le Haut commissaire à la réforme des retraites n'est pas venu les mains vides. Car il fallait du tangible pour répondre aux attentes des syndicats qui, à l'image de Pascal Pavageau, désespéraient "que le gouvernement sorte du bois".

Après la "réunion multilatérale" organisée mercredi matin au ministère des Solidarités et de la Santé, le secrétaire général de FO s'est dit "satisfait" d'avoir obtenu "plus d'éléments concrets que lors des six derniers mois", même s'il réclame toujours "que soient faites des simulations" sur des cas pratiques.

Un état d'esprit partagé par Geoffroy Roux de Bézieux, "relativement satisfait dans l'ensemble", bien qu'il juge "indispensable" que le futur système de retraite "prenne en compte l'espérance de vie et d'éventuels gains de productivité".

Le président du Medef continue de plaider pour un mécanisme "qui peut être l'âge pivot", afin d'inciter les Français à travailler plus longtemps, sur le modèle des retraites complémentaires des salariés du privé qui subiront dès 2019 une décote s'ils partent avant 63 ans.

Une piste pas écartée par le gouvernement, qui martèle en revanche que l'âge légal "à partir duquel on pourra liquider ses droits restera fixé à 62 ans".

La CFDT en avait fait un "casus belli". Son numéro un, Laurent Berger, a salué "une réunion utile" qui a permis de mettre sur la table "un certain nombre d'éléments arbitrés".

Calendrier incertain

L'exécutif a tenté de rassurer en listant quelques "grands principes", comme le maintien des pensions de réversion et du minimum de pension pour les bas salaires et les carrières hachées.

Idem pour "les interruptions d'activité" comme le chômage, l'invalidité, la maladie ou la maternité, pour lesquelles des points seront accordés. La réforme changera en revanche les droits familiaux, avec une bonification "pour chaque enfant, dès le premier enfant" et non plus à partir du troisième.

Des garanties qui ont convaincu la CFTC, "apaisée" d'avoir "été entendue" sur les "mécanismes de solidarité", a indiqué sa vice-présidente Pascale Coton.

A l'inverse et sans surprise, la CGT n'est "pas favorable à ce projet" qui "fera baisser" les futures pensions "à un niveau proche du seuil de pauvreté pour beaucoup", à cause de la prise en compte de l'intégralité de la carrière, selon Catherine Perret.

Beaucoup d'aspects de la réforme restent à négocier, notamment la transition entre les 42 régimes de retraite actuels et le futur système "universel".

Elle sera "progressive" et ne concernera ni les retraités actuels, ni "ceux qui seront à moins de cinq ans de l'âge de départ au moment de l'adoption de la loi", selon M. Delevoye.

A court terme, le calendrier reste incertain: la concertation "nous amène déjà en avril-mai", reconnaît le Haut commissaire. Le texte que le chef de l'Etat voulait voir "voté au premier semestre" pourrait donc être déposé après les élections européennes, pour une adoption "dans le courant de l'année 2019".

Un délai nécessaire pour déminer des dossiers sensibles, comme la prise en compte des primes des fonctionnaires, des carrières longues, ou encore le sort des dizaines de milliards d'euros de réserves financières des régimes complémentaires appelés à disparaître.

Pour le Medef, ce dernier point est entendu: il ne faut pas "que les fourmis soient pénalisées par les cigales", prévient M. Roux de Bézieux.

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