Le candidat d'extrême droite à la présidentielle au Brésil a obtenu dimanche 46% des voix au premier tour, avec un discours en faveur de la famille traditionnelle, des valeurs patriotiques et de la libéralisation du port d'arme pour lutter contre l'insécurité.
Au second tour, le 28 octobre, il espère continuer de surfer sur la vague conservatrice qui a déferlé sur le pays pour battre Fernando Haddad, remplaçant de l'ex-président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, incarcéré pour corruption et inéligible.
Pour Joao Ferers Junior, professeur de sciences politiques à l'Université de Rio de Janeiro (Uerj), le phénomène Bolsonaro a quelques points en commun avec celui qui a débouché sur l'élection du président américain.
Comme Trump, "c'est un histrion, un candidat qui n'y comprend rien aux politiques publiques, qui s'exprime mal, mais pour une raison qu'on ignore, il attire un certain type d'électorat", explique-t-il.
"C'est un électorat aux tendances fascistes, qui croit que la solution à tous les problèmes sociaux est l'élimination de l'autre", souligne le chercheur, pointant néanmoins une différence majeure.
"La plupart des électeurs de Trump sont des blancs pauvres. Ceux de Bolsonaro sont plutôt des blancs issus de la classe moyenne et des couches aisées", précise-t-il.
Rejet du système
"Bolsonaro incarne un esprit anti-establishment. En ce sens, il ressemble beaucoup à Trump", affirme pour sa part Guilherme Casarões, professeur de sciences politiques et de relations internationales à la Fondation Getulio Vargas (FGV).
Mais si le magnat américain de l'immobilier n'avait aucune expérience politique avant d'être élu, c'est loin d'être le cas de Jair Bolsonaro, qui siège à la chambre des députés depuis 27 ans.
Par ailleurs, le patrimoine de Bolsonaro n'a rien à voir avec celui de Trump. En déposant sa candidature, Jair Bolsonaro a déclaré des biens de 2,28 millions de réais (495.000 euros). Même si ses détracteurs l'accusent d'avoir largement sous-évalué son patrimoine, il est sans commune mesure avec la fortune du président américain.
De même, leur train de vie n'a rien de semblable: pas de jets privés ni de résidences hyper luxueuses dans la vie de Bolsonaro.
Autre différence de taille: leurs partis. Donald Trump était porté par le puissant Parti Républicain, tandis que le Brésilien s'est présenté sous les couleurs d'une formation méconnue, le Parti social libéral (PSL), qu'il n'a rejointe qu'en mars.
"Bolsonaro a été accueilli par un tout petit parti et a fait campagne avec très peu de temps d'antenne et très peu de fonds publics", souligne Guilherme Casaroes.
Il a été privé de campagne dans la rue et de débats télévisés après avoir été poignardé à l'abdomen en pleine campagne le 6 septembre, un mois avant le premier tour.
Admiration
Mais l'ex-capitaine de l'armée brésilienne a surmonté ce handicap en étant omniprésent sur les réseaux sociaux, avec 7 millions d'abonnés sur Facebook et 4,2 millions sur Instagram.
Trump, lui, s'exprime constamment sur Twitter, y compris pour des annonces officielles, une façon de bouder les médias traditionnels.
Bolsonaro se méfie également de la presse, qu'il accuse de propager de fausses informations.
Même si leurs profils présentent des différences, le candidat brésilien ne cache pas son admiration pour le président américain.
"Trump est un exemple pour moi. Je suis conscient de la distance qui nous sépare, mais j'ai l'intention de me rapprocher de lui pour le bien du Brésil et des Etats-Unis", a-t-il déclaré en octobre 2017, lors d'un voyage en Floride.
En août, son fils Eduardo, qui a battu dimanche le record absolu de voix pour se faire réélire député, a rencontré à New York Steve Bannon, ex-conseiller en communication du président américain.
Si en 2016 Trump scandait qu'il voulait "rendre sa grandeur à l'Amérique" (Make America great again), Bolsonaro fait aussi vibrer la fibre patriotique, avec son slogan "Le Brésil au-dessus de tout", assorti d'un "Dieu au-dessus de tous" pour séduire les millions de fidèles des églises néo-pentecôtistes.
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