Le Premier ministre s'est entretenu pendant près d'une heure et demie avec le président mardi matin à l'Elysée, mais n'a pas présenté sa démission. Rien n'a filtré de cet entretien et de nombreux ministres semblaient eux-mêmes dans le flou sur le nouveau gouvernement.
Evoqué par plusieurs sources dans la majorité, le scénario d'une démission en bloc mardi du gouvernement d'Édouard Philippe puis de l'annonce d'un nouveau gouvernement en fin de journée est devenu incertain.
Certaines sources gouvernementales évoquent désormais l'annonce de la nouvelle équipe pour mercredi matin, jour du Conseil des ministres suivi du départ de M. Macron pour une visite en Arménie jusqu'à vendredi.
Pour l'une d'elles, le choix du successeur de Gérard Collomb place Beauvau s'est avéré plus compliqué que prévu, faute de candidats disposant du profil recherché par Matignon et l'Elysée... et prêt à accepter le poste.
Après une phase d'incertitude, la séance des questions au gouvernement de 15H00 à l'Assemblée a été maintenue et doit être suivie du vote solennel du projet de loi Pacte pour les entreprises, selon des sources parlementaires et gouvernementales. En cas de démission du gouvernement, la séance n'aurait pas pu se tenir.
Ni la présidence, ni les services du Premier ministre n'ont diffusé d'agenda hebdomadaire. L'Elysée en revanche distillait mardi matin des éléments sur les activités du président Macron avec ses homologues chilien et ouzbek ainsi que sur sa visite à la station F prévue à 17H00.
"Situation invraisemblable"
Une attente jugée "invraisemblable" par Christian Jacob, président de l'opposition LR à l'Assemblée nationale. Selon lui, "c'est une crise de management, d'incapacité à manager une équipe". Son collègue Damien Abad a ironisé sur "la Macronie asséchée", en peine de "trouver des femmes et des hommes capables de créer ce second souffle".
Le secrétaire général adjoint des Républicains, Julien Aubert, souligne lui "une très grande pression sur les épaules" d'Emmanuel Macron "qui a quand même vécu un été meurtrier".
Ce remaniement a été imposé à l'exécutif par la démission soudaine, le 2 octobre, du ministre de l'Intérieur Gérard Collomb. Une nouvelle déconvenue après la démission tonitruante de Nicolas Hulot et l'affaire Benalla, ce collaborateur proche d'Emmanuel Macron mis en examen pour des violences en marge des manifestations du 1er mai.
"Prise de conscience"
"On vit clairement un nouveau chapitre de ce quinquennat", assure néanmoins le député LREM Bruno Bonnell.
"Il y a une prise de conscience de la part du président de la République" et "nous avons besoin de relancer la machine et le président est très attentif à l'état de l'opinion et aux préoccupations des Français", a assuré le député LREM Hugues Renson.
Des manifestations de lycéens, étudiants, salariés, fonctionnaires et retraités sont organisées mardi en régions et à Paris, pour la première fois depuis la rentrée, pour réclamer à Emmanuel Macron une politique "moins libérale".
Très bas dans les sondages, taxé par certains "d'arrogant" ou de "président des riches", Emmanuel Macron veut tenter de donner un "nouveau souffle" au quinquennat par un remaniement plus large, selon l'expression de Richard Ferrand, le président de l'Assemblée nationale.
Pour remplacer Gérard Collomb, l'exécutif pourrait être tenté de faire confiance à un expert, sur le modèle de Jean-Michel Blanquer à l'Éducation. Ont été cités les noms du procureur de Paris François Molins - visage connu des Français depuis les attentats de 2015 -, de la directrice de la PJ Mireille Ballestrazzi, de Jean Castex, un haut fonctionnaire qui a servi Nicolas Sarkozy à l'Élysée, ou de l'ancien patron de la police nationale Frédéric Péchenard.
Parmi les politiques, sont évoqués les noms de Christophe Castaner, Jean-Yves Le Drian ou Gérald Darmanin.
Parmi les sortants possibles, figurent Françoise Nyssen (Culture), Jacques Mézard (Cohésion des Territoires) ou Stéphane Travert (Agriculture).
Les centristes du MoDem pourraient récupérer un ou deux portefeuilles, comme Marc Fesneau, leur chef de file à l'Assemblée, pressenti, entre autres, pour l'Agriculture.
Des surprises ne sont pas exclues, Emmanuel Macron n'aimant pas se laisser forcer la main par les commentateurs, selon un proche.
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