Il y a les grands, qui réunissent des dizaines de vendeurs, de camelots et de producteurs plusieurs fois par semaine, et les plus modestes qui n'en comptent qu'une poignée. Mais pratiquement toutes les communes de l'agglomération de Rouen (Seine-Maritime) peuvent toujours s'enorgueillir d'accueillir un marché hebdomadaire, vestige d'une tradition commerciale qui a depuis évolué et migré vers les grands centres commerciaux. Par nostalgie, par habitude, envie d'entreprendre ou fidélité envers leurs clients de longue date, chacun de ces commerçants ambulants a une bonne raison d'arpenter chaque semaine les routes de la région.
Des anciens lassés…
Présente sur le marché de Sotteville depuis 30 ans, Martine Tailpied est bien placée pour parler de l'évolution du métier. Derrière son stand de vente de produits de la ferme à base de canard, elle voit défiler les habitués, "ceux qui nous cherchent quand nous ne sommes pas là". Et s'il y a bien une chose qu'elle regrette, c'est bien l'absence d'animations pour faire venir les clients sur les places des villes et des villages. Entre deux conseils de cuisson à une cliente, elle développe : "Plus ça va, moins on voit de monde. En plus, avec les travaux, les problèmes de stationnements… On a l'impression que rien ne nous facilite la vie !"
Un constat que partage Denis Gaillien, qui s'installe tous les vendredis sur la place Saint-Marc de Rouen pour retrouver lui aussi ses habitués. Pessimiste, ce boucher estime que "les choses ne vont pas dans le bon sens. Encore 10 ans comme ça et ça pourrait être la fin des marchés." Lui aussi dans le circuit depuis des décennies, il se souvient forcément d'une période plus faste pour la profession.
... et des jeunes pas encore désabusés
Heureusement, une nouvelle génération est prête à reprendre le flambeau avec une énergie nouvelle. C'est par exemple le cas de Stéphane Hamel, dont l'étal de poissons et de fruits de mer fait face au camion de Denis. Chaque matin, il se lève lui aussi avant le soleil, "sur les coups de 3 heures", pour préparer sa journée. Une contrainte, certes, mais qui lui procure aussi des avantages : "Globalement, il y a de l'engouement pour les marchés ! C'est une activité qui est plaisante avec des clients assez fidèles." Pour en faire venir de nouveaux, notamment chez les jeunes, le poissonnier a une ou deux pistes à explorer côté animations, comme "faire des ateliers de dégustations ou offrir des sacs réutilisables aux clients comme on n'a plus le droit de donner des sacs en plastique".
Lancé depuis un an dans la vente de fruits et légumes issus de l'agriculture biologique, Hocine Chikh préfère également voir le verre à moitié plein. "Ce qui me plait, c'est la liberté de gérer mon temps comme je le veux", explique le jeune homme, qui attend encore un emplacement définitif sur le marché de Sotteville. S'il est aussi optimiste, c'est aussi parce qu'il parvient à se démarquer de ses concurrents. "En bio, je suis tout le temps le seul sur les marchés sur lesquels je vais", explique-t-il tout en conseillant une cliente sur le choix de son ananas. La baisse d'activité et le coup de blues de certains "anciens" du métier ? Ça ne lui fait pas peur. Même en cas d'échec, "il n'y a pas un gros investissement, je n'ai pas eu à acheter un fonds de commerce", conclut-il dans un sourire en retournant à sa clientèle.
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