Depuis septembre 2017, Lorraine de Sagazan est artiste associée au CDN de Rouen (Seine-Maritime). Après la mise en scène de Démons de Lars Noren, elle s'attelle à un autre auteur nordique en choisissant de mettre en scène Une maison de poupée du norvégien Henrik Ibsen. Lorraine présente les tenants et les aboutissants de cette œuvre d'Ibsen, composée en 1879 et pourtant si étonnamment moderne.
Pourquoi avoir choisi de monter cette pièce d'Ibsen ?
"C'est un de mes dramaturges préférés car il a su poser un regard d'une acuité étonnante sur la société de son époque. Il crée des rôles d'hommes et de femmes qui sont d'intéressants matériaux de jeu, un vrai terrain de jeu pour mes acteurs. Il analyse finement les rapports humains : ici le couple dans l'intimité de son foyer et les rapports de domination en pratique. Mais si le cadre est intime il n'en questionne pas moins la société dans lequel ce couple évolue."
Quels ont été vos choix de metteur en scène ?
"C'est une libre adaptation de la pièce d'Ibsen. Pendant trois semaines, quand nous avions commencé à travailler la pièce, nous étions partis pour respecter la version de l'auteur. Il interroge la situation féminine avant même les courants d'émancipation à travers le personnage de Nora qui est une femme qui choisit de travailler et qui emprunte de l'argent. À son époque c'est une totale transgression de l'ordre établit or le cadre sociétal a complètement changé et la pièce ne soulève plus aujourd'hui les mêmes questions. C'est cependant une pièce très forte et il ne s'agissait surtout pas de la réécrire mais de parler du rapport de domination dans le couple en le mettant en perspective avec les problématiques actuelles."
Que questionne l'œuvre d'Ibsen aujourd'hui ?
"Ibsen présente le couple comme un foyer d'inégalités. À l'heure où les femmes ont pu acquérir une certaine indépendance la question des inégalités se pose toujours. Dans ma version, Nora est juriste dans une banque. C'est une femme ambitieuse et elle illustre la réussite professionnelle alors que son conjoint choisi de mettre sa carrière entre parenthèses. Or même s'il s'agit d'un choix délibéré, cette situation va être source de conflit. Ce qui pose problème c'est le poids de la tradition dans un pays comme le nôtre. Dans cette situation l'homme est atteint dans sa virilité. Même si beaucoup de choses ont changé pour l'égalité, les mentalités n'évoluent pas si vite."
Pratique. Mardi 9, mercredi 10, jeudi 11 et vendredi 12 octobre à 20 heures et samedi 13 octobre à 18 heures au théâtre des Deux Rives à Rouen. 15 à 20€. cdn-normandierouen.fr
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