A priori, le remaniement est attendu d'ici la fin de journée, à la veille du Conseil des ministres. Le chef de l'Etat Emmanuel Macron doit ensuite quitter Paris pour une visite en Arménie jusqu'à vendredi.
Scenario évoqué par plusieurs sources concordantes : démission en bloc mardi matin du gouvernement d'Edouard Philippe auquel Emmanuel Macron confie immédiatement la tâche de former un nouveau gouvernement, annoncé quelques heures plus tard. Mais il n'est pas exclu qu'il ne soit dévoilé que mercredi.
Edouard Philippe doit faire un discours de politique générale devant les députés mercredi après-midi, soumis à un vote de confiance acquis d'avance, le parti présidentiel étant majoritaire, selon ces sources.
Ce remaniement a été imposé à l'exécutif par la démission soudaine, le 2 octobre, du ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, décidé à quitter Paris pour retrouver son fauteuil de maire de Lyon, après plusieurs désaccords sur l'immigration ou encore l'affaire Benalla.
Casse-tête
Sous le choc du second départ d'un ministre d'Etat, un mois après celui non moins retentissant de Nicolas Hulot, Emmanuel Macron et Edouard Philippe, malmenés dans les sondages, veulent tenter de donner un "nouveau souffle" au quinquennat par un remaniement plus large, selon l'expression de Richard Ferrand, le président de l'Assemblée nationale.
Mais l'Elysée et Matignon ont réussi à garder le secret sur leurs décisions, laissant le monde politique supputer sur le nombre de ministères concernés et le nom des sortants et entrants.
En attendant, ce casse-tête politique perturbe les réformes en cours et empêche l'exécutif de communiquer sur le fond de ses projets. Exemple : le comité interministériel du handicap, rendez-vous annuel qui devait se tenir mardi à Matignon, a été reporté de quelques semaines.
Un expert à l'Intérieur ?
Depuis une semaine, le Premier ministre assume l'intérim à l'Intérieur, ce qui l'a obligé à un aller-retour lundi soir à Lyon pour présider le dîner de travail des ministres de l'Intérieur des six plus grands pays de l'UE.
Pour remplacer Gérard Collomb, l'exécutif pourrait être tenté de faire confiance à un expert, sur le modèle de Jean-Michel Blanquer à l'Education. Ont ainsi été cités les noms du procureur de Paris François Molins - figure connue des Français depuis les attentats de 2015 -, de la directrice de la PJ Mireille Ballestrazzi, du maire de Prades (Pyrénées-Orientales) Jean Castex, un haut fonctionnaire qui a servi Nicolas Sarkozy à l'Élysée, ou de l'ancien patron de la police nationale Frédéric Péchenard, un autre proche de M. Sarkozy.
Parmi les profils politiques, sont évoqués les noms de Christophe Castaner, Jean-Yves Le Drian ou Gérald Darmanin.
Du côtés des sortants possibles, figurent Françoise Nyssen, la ministre de la Culture, Jacques Mézard (Cohésion des Territoires) ou Stéphane Travert (Agriculture).
Emmanuel Macron et Edouard Philippe pourraient aussi redessiner les contours de certains ministères, en particulier pour créer un ministère des Territoires sur fond de tensions avec les collectivités.
L'exercice est rendu délicat par la volonté de l'exécutif de maintenir l'identité du "macronisme" qui repose sur l'équilibre femmes/hommes, société civile/partis, droite/gauche au sein du gouvernement.
Les centristes du MoDem pourraient récupérer quelques portefeuilles, comme Marc Fesneau, leur chef de file à l'Assemblée, pressenti pour l'agriculture, la Cohésion des territoires ou les relations avec le Parlement.
Pas de "casting de façade"
Des surprises ne sont pas exclues, Emmanuel Macron n'aimant pas se laisser forcer la main par les commentateurs, selon un proche.
Le processus est ralenti par les vérifications de la situation fiscale des candidats menées par la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), chargée aussi de débusquer d'éventuels conflits d'intérêts.
Au-delà du casting gouvernemental, les opposants de droite comme de gauche réclament surtout un changement de la part d'Emmanuel Macron.
"Ce remaniement ne doit pas être uniquement un jeu de chaises musicales ou un casting de façade. Nous demandons un véritable changement de politique de la part du président", a déclaré lundi Laurence Sailliet, porte-parole de LR.
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