Ines Madrigal espère que son cas aidera à "ouvrir des milliers de dossiers qui sont clos". "Se prendre pour Dieu, en changeant la filiation, en falsifiant des actes de naissance, ne peut pas rester impuni", avait-elle ajouté début septembre à la fin du procès.
Cette employée des chemins de fer de 49 ans accuse dans ce procès Eduardo Vela, un gynécologue de 85 ans, de l'avoir séparée de sa mère biologique et d'avoir falsifié son acte de naissance en juin 1969.
Avec la complicité d'un prêtre jésuite, Mme Madrigal avait été confiée à Inès Pérez, une femme stérile alors âgée de 46 ans, et inscrite - à tort - comme sa fille biologique.
Les parties ont été convoquées par le tribunal madrilène chargé de l'affaire lundi à partir de 11H00 (09H00 GMT) pour que le verdict leur soit communiqué.
Onze ans requis
Le parquet a requis onze ans de prison contre M. Vela, considéré comme l'un des principaux acteurs du trafic d'enfants alors qu'il était obstétricien à la clinique San Ramon de Madrid.
Le procès avait débuté le 26 juin mais avait dû être reporté pour une deuxième journée d'audience début septembre, Eduardo Vela, qui se déplace en fauteuil roulant, ayant été admis aux urgences le 27 juin.
Durant l'instruction, le médecin avait reconnu avoir signé "sans regarder" le dossier médical indiquant qu'il avait assisté à la naissance d'Ines Madrigal, mais il s'était rétracté durant le procès, affirmant ne pas reconnaître sa signature.
L'un des témoins du procès, une journaliste française, Emilie Helmbacher, qui avait réalisé en 2013 un reportage pour la chaîne France 2 sur le sujet, avait raconté que le Dr Vela, filmé en caméra cachée, lui avait laissé entendre qu'il avait confié le nouveau-né à Inès Pérez et précisé qu'elle "n'avait pas payé".
Dénoncé depuis longtemps par la presse et des associations de victimes, l'octogénaire a été le premier à s'asseoir sur le banc des accusés pour ce trafic qui pourrait avoir concerné des milliers d'enfants depuis la dictature de Franco (1939-1975).
Le phénomène aurait donc touché beaucoup plus de familles qu'en Argentine, où quelque 500 nouveaux-nés ont été arrachés à des détenues pendant la dictature militaire (1976-1983) et confiés en adoption à des familles soutenant le régime.
Plus de 2.000 plaintes classées
En Espagne, les enfants étaient, souvent avec la complicité de l'Eglise catholique, retirés à leurs parents après l'accouchement, déclarés morts sans qu'on leur en fournisse la preuve, et adoptés par des couples stériles, de préférence proches du régime "national-catholique".
Né pendant la répression qui a suivi la guerre civile (1936-1939) pour soustraire les enfants à des opposantes accusées de leur transmettre le "gène" du marxisme, le trafic a touché à partir des années 1950 des enfants nés hors mariage ou dans des familles pauvres ou très nombreuses.
Il a ensuite perduré sous la démocratie, au moins jusqu'en 1987, cette fois uniquement pour des raisons financières.
Malgré l'ampleur du scandale, aucune des plus de 2.000 plaintes déposées selon les associations n'a abouti, souvent en raison de la prescription des faits.
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