La mise en cause de Mme Netanyahu ne semble pas de nature à avoir un effet politique immédiat sur son mari, Benjamin Netanyahu, étranger au dossier. Mais elle s'ajoute aux différentes affaires de corruption présumée qui menace le long règne du Premier ministre, au pouvoir depuis 2009.
Mise en examen pour "fraude" et "abus de confiance" présumés, Mme Netanyahu, 60 ans en novembre, est soupçonnée d'avoir commandé entre septembre 2010 et mars 2013, pour elle-même, les membres de sa famille et des invités, des centaines de repas pour "plus de 350.000 shekels" (83.000 euros), selon le ministère de la Justice.
La justice lui reproche d'avoir menti en invoquant l'absence de cuisinier à la résidence du Premier ministre pour faire livrer, jusqu'à des dizaines de fois un même mois, des repas de différents restaurants de Jérusalem.
Ezra Saidoff, ancien directeur général adjoint au bureau du Premier ministre, est lui aussi mis en examen.
Selon les médias israéliens citant l'acte d'accusation, il aurait agi de concert avec Mme Netanyahu pour créer l'impression qu'aucun cuisinier n'était employé à la résidence.
Le procès doit débuter dimanche à 10H30 GMT au tribunal de première instance de Jérusalem et pourrait durer des mois.
Supervisé par un panel de trois juges en raison de la "sensibilité publique" de l'affaire, il devait initialement commencer en juillet mais a été reporté pour des raisons n'ayant pas été rendues publiques.
"Poursuites délirantes"
Lors de l'annonce de sa mise en examen en juin, les avocats de Mme Netanyahu avaient qualifié les poursuites d'"absurdes et délirantes", estimant que "pour la première fois en Israël et dans le monde, l'épouse du dirigeant en place est poursuivie pour des plateaux repas".
Cette affaire braque à nouveau les projecteurs sur une figure omniprésente et réputée influente auprès de Benjamin Netanyahu, et dont la presse israélienne éclaire régulièrement d'une lumière peu favorable les agissements personnels.
Les détracteurs des Netanyahu se gaussent depuis des mois des affaires de la résidence, où il a été question non seulement de plats de traiteurs, mais aussi de meubles de jardin achetés sur les fonds publics, de détournement du revenu de bouteilles consignées et de maltraitance du personnel.
Les médias ont déjà suivi avec avidité la bataille devant les tribunaux entre Mme Netanyahu et un ancien homme de confiance de la résidence, Meni Naftali, qui l'avait accusée de comportement tyrannique. Il avait obtenu quelque 40.000 euros en 2016 pour mauvais traitements.
Les Netanyahu ont dénoncé une campagne de calomnie. Sara Netanyahu, qui se présente régulièrement comme une victime de l'acharnement médiatique, avait déjà dit dans le passé que "son sang avait été versé publiquement".
Corruption présumée
Au delà des atteintes à son image, l'affaire des frais de bouche paraît moins lourde de risques pour M. Netanyahu que les dossiers de corruption présumée qui, depuis des mois, le visent directement et suscitent des interrogations sur sa faculté à se tirer à nouveau d'affaire.
En février, la police a recommandé son inculpation dans deux enquêtes touchant l'une à des cadeaux qu'il aurait indûment reçus de riches personnalités, l'autre à un accord secret qu'il aurait tenté de conclure avec un quotidien populaire pour une couverture favorable.
Il a de nouveau été entendu par la police vendredi à Jérusalem pendant plusieurs heures. Selon les médias, il était interrogé pour la 12e fois par les enquêteurs en tant que suspect.
Une autre enquête a été ouverte dans l'affaire Bezeq, le principal groupe de télécommunications israélien. La police cherche à savoir si le couple Netanyahu a tenté de s'assurer une couverture propice de la part du site d'informations Walla en contrepartie de faveurs gouvernementales qui pourraient avoir rapporté des centaines de millions de dollars à Bezeq.
Le principal actionnaire du groupe, Shaul Elovitch, et six autres personnes dont deux proches collaborateurs de M. Netanyahu, ont été arrêtés en février dans cette affaire.
Malgré ces enquêtes, M. Netanyahu reste en bonne position dans les sondages et pourrait, après 12 ans au pouvoir -en deux fois- battre le record de longévité de l'historique David Ben Gourion.
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