Quelque 6,5 millions d'électeurs - sur 25 millions d'habitants - sont appelés à voter à partir de 08H00 (07H00 GMT) jusqu'à 18h00 (17H00 GMT) et auront à choisir entre huit candidats.
Parmi eux, le président sortant Paul Biya, qui, invisible physiquement durant la campagne hormis un meeting dans l'Extrême-Nord, a été omniprésent dans les débats et sur les affiches collées par milliers partout dans le pays.
Grâce à un maillage territorial imposant et sans pareil de son parti, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), les soutiens du président-candidat ont sillonné le pays durant la campagne d'une élection qui lui semble acquise.
Mais, à 48 heures du vote, un coup de théâtre a surpris le monde politique camerounais: pour la première fois depuis la présidentielle de 1992, deux opposants de poids ont formé une coalition contre Biya.
Akere Muna, ancien bâtonnier du Cameroun, s'est désisté en faveur de Maurice Kamto, candidat majeur de l'opposition, ancien ministre délégué à la Justice (2004-2011) et transfuge du parti au pouvoir.
Deux autres candidats sortent du lot et peuvent espérer un score significatif: Joshua Osih, candidat du Social democratic front (SDF, principal parti d'opposition) malgré une campagne timorée, et Cabral Libii, benjamin de l'élection à 38 ans, qui a fortement mobilisé dans ses meetings.
Cette présidentielle se tient dans un contexte sécuritaire inédit au Cameroun: dans trois des dix régions du pays, l'armée est déployée.
Dans la région de l'Extrême-Nord, d'abord, où les jihadistes de Boko Haram lancent des assauts répétés depuis 2014 sur les populations camerounaises, et dans les régions anglophones de l'ouest du pays.
Dans ces deux régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, la guerre s'est installée depuis fin 2017, après plus d'un an de crise socio-politique qui a lentement dégénéré en conflit armé.
Des centaines de séparatistes armés, regroupés en groupes éparses dans la forêt équatoriale, combattent désormais violemment et quotidiennement l'armée camerounaise.
Ils réclament l'indépendance des deux régions anglophones, revendication inacceptable pour Yaoundé qui a répondu par la force, qualifiant les combattants de "terroristes".
La "guerre" promise
De nombreuses exactions ont été commises par les deux camps, dans une escalade permanente de la violence.
Plus de 175 membres des forces de défense et sécurité camerounaises ont été tués ainsi que plus de 400 civils, selon les ONG. Aucun bilan n'est disponible du côté séparatiste.
Jeudi et vendredi, quatre personnes dont un prêtre ont encore été tuées dans des violences dans cette zone anglophone. Tous les jours, des échanges de tirs se font entendre dans les deux capitales régionales, Bamenda et Buea.
La tenue du scrutin paraît très incertaine dans ces régions où plus de 300.000 personnes ont dû fuir leur domicile.
L'insécurité y a pris le pas sur la campagne: aucun candidat ne s'est rendu à Buea ou à Bamenda, et les coups de feu y ont remplacé les traditionnels avertisseurs de voitures et sonos de meetings.
Vendredi, il y avait "quasiment autant de militaires, policiers et agents de renseignement que de civils" à Buea, en grande partie désertée de ses 100.000 habitants, selon une source proche des services de sécurité.
Les séparatistes ont promis "la guerre" dimanche dans ces deux régions quadrillées par l'armée.
7Vendredi, le camp de M. Kamto a accusé le pouvoir de préparer une "fraude massive" et appelé à des "réactions fermes".
Le gouvernement a vite réagi: "En tentant d'organiser le chaos, ils risquent d'être désagréablement surpris", a prévenu le ministre de la Communication, Issa Tchiroma Bakary. Yaoundé "ne tolérera aucun désordre avant, pendant et après l'élection présidentielle".
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