Intitulée "Poison", elle va dévoiler à partir de mercredi une trentaine d'espèces vivantes vénéneuses - leur poison est administré par ingestion ou contact- ou venimeuses - par piqûre ou morsure.
"L'idée est de montrer que le poison est utilisé par ces animaux pour se nourrir et se défendre mais aussi qu'il peut aider à développer de nouveaux médicaments", déclare Bruno Maquart, président d'Universcience, établissement qui chapeaute le Palais de la découverte.
Produite par Grupo Atrox, une société espagnole spécialisée dans l'élevage de ces animaux à venin, l'exposition n'est pas banale.
"Trente espèces venimeuses, c'est énormément d'excitation mais aussi de précautions car on doit assurer la sécurité de notre personnel, du public mais aussi des animaux, qui doivent être bien traités", relève Bruno Maquart.
Pour être autorisé par la préfecture à montrer ces espèces dangereuses, le Palais de la découverte s'est adjoint les services d'un spécialiste reconnu. Ancien responsable du vivarium de la ménagerie du Jardin des Plantes, François Lemoine était sur le pont vendredi pour accueillir la soixantaine d'animaux venimeux et vénéneux, venus d'Espagne en camion.
Sur le qui-vive, il surveille le déchargement des boîtes abritant ces espèces par deux soigneurs de Grupo Atrox, seuls autorisés à les manipuler.
La star de l'exposition, un mamba noir, a droit à une grosse caisse pour lui tout seul. De couleur grise, ce serpent venimeux dont l'intérieur de la gueule est noir, est l'un des plus grands d'Afrique. "Il est excessivement rapide et excessivement toxique", décrit François Lemoine.
Avertissement
Les jeunes soigneurs déposent la caisse de bois dans la zone de confinement puis ils dévissent le couvercle devant les responsables d'Universcience, qui, soudain, font silence.
Le serpent, qui mesure 2 mètres et demi, se trouve dans une boîte plus petite, que les soigneurs déposent doucement dans le grand vivarium arboré où il va vivre pendant les dix mois de l'exposition.
Ils ouvrent la trappe de la boîte, permettant au serpent de sortir quand il en aura envie.
Le chauffage est mis: bientôt il fera 27 degrés dans son nouveau logis. Quand il aura une petite faim, ce serpent arboricole pourra déguster des poussins ou des rats morts.
Que ressent le soigneur dans les moments critiques? "Je n'ai pas peur. J'aime et j'apprécie mon métier. Mais cela donne parfois un coup d'adrénaline", déclare l'un d'eux, Guillem Russell, fort de six ans d'expérience.
Si malgré les nombreuses précautions prises - salles de confinement, sas, vitrages superposés etc., une personne était mordue, tout est prévu pour qu'elle soit prise en charge très rapidement par le Samu et qu'elle soit transportée à l'hôpital Begin de Saint-Mandé qui possède tous les sérums anti-venin des espèces présentées, explique François Lemoine.
Un à un, les serpents sont sortis de leur boîte puis de leur sac, en zone confinée. Les soigneurs, qui portent des gants, attrapent chaque animal avec une pince à crochet pour le déposer dans un vivarium.
Après le magnifique cobra du Cap, au venin neurotoxique et cardiotoxique mortel pour l'homme, c'est au tour du crotale diamantin de l'ouest de rejoindre son logement parisien, en imitant le bruit d'une crécelle. Son venin provoque des hémorragies.
"Le venin est très précieux pour tous ces animaux. Ils ont des systèmes d'avertissement - un son dissuasif, des couleurs très vives - pour dire +ne m'approche pas+ car ils cherchent à ne pas gaspiller leur venin", explique le muséographe Mark Read.
Au fil de l'exposition, qui se tient jusqu'en 11 août, le public découvrira aussi des dendrobates, ces minuscules grenouilles colorées dont la peau exsude un poison violent et des salamandres. Côté araignées, il admirera la veuve noire au venin neurotoxique et plusieurs mygales.
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