Les sénateurs, qui ont le dernier mot sur les nominations à vie au sein de la plus haute juridiction des Etats-Unis, avaient engagé vendredi les dernières délibérations. Un vote de clôture sur la confirmation du juge Kavanaugh est prévu vers 10H30 (14H30 GMT), avant un vote final peut-être le lendemain.
L'issue des débats reste incertaine. La majorité des républicains au Sénat (51 contre 49) est très courte et trois de ses membres n'ont pas encore fait connaître leur position.
La candidature de Brett Kavanaugh, un fervent défenseur des valeurs conservatrices choisi par Donald Trump, divise fortement l'Amérique. Des accusations d'abus sexuels remontant à sa jeunesse ont encore renforcé les tensions.
Des milliers de manifestants ont défilé jeudi à Washington pour demander aux sénateurs de voter contre lui. Certains sont entrés dans un bâtiment du Sénat pour tenter de faire plier les sénateurs indécis et environ 300 ont été brièvement arrêtés. Des femmes avaient aussi, plusieurs jours auparavant, interpellé le sénateur républicain Jeff Flake dans un ascenseur du Congrès.
La Maison Blanche les a vivement critiqués vendredi.
"Les manifestants (...) qui hurlent dans l'ascenseur sont des professionnels qui ont été payés pour donner une mauvaise image des sénateurs. Ne vous laissez pas avoir!", a tweeté le président Trump. "Regardez aussi toutes les pancartes identiques faites par des professionnels. Payées par Soros et d'autres", a-t-il ajouté.
La fondation du milliardaire américain d'origine hongroise George Soros finance plusieurs ONG dans le monde, allant de la défense des droits de l'homme à l'aide aux réfugiés. Il est la cible régulière de la droite dure européenne, notamment du Premier ministre hongrois Viktor Orban, et d'une partie de l'alt-right aux Etats-Unis, l'extrême droite américaine.
"Colère"
Malgré la mobilisation anti-Kavanaugh, la Maison Blanche s'est dite "confiante" sur l'issue du scrutin. En meeting dans le Minnesota, Donald Trump a même estimé jeudi soir que l'affaire Kavanaugh était de nature à mobiliser l'électorat républicain à l'approche des élections parlementaires du 6 novembre.
La "résistance" des démocrates à la nomination du juge "alimentée par la colère, est en train de se retourner contre eux comme jamais", a-t-il assuré.
Brett Kavanaugh, un brillant magistrat héraut des valeurs conservatrices, était en bonne voie d'être confirmé, quand une femme est sortie de l'ombre à la mi-septembre pour l'accuser d'une tentative de viol remontant à une soirée entre lycéens en 1982.
Lors d'une audition suivie par 20 millions d'Américains, Christine Blasey Ford, une universitaire de 51 ans, s'est dite sûre "à 100%" d'avoir été agressée par le jeune Kavanaugh. En colère et offensif, le magistrat s'est dit tout aussi certain de son innocence.
Démarche extrêmement rare pour un candidat à la Cour suprême, ce dernier s'est expliqué dans une tribune publiée par le Wall Street Journal sur ce ton "tranchant".
"J'ai dit des choses que je n'aurais pas dû dire. J'espère que tout le monde peut comprendre que j'étais là-bas en tant que fils, mari et père", a-t-il justifié.
"Incomplète"
Confronté à deux vérités irréconciliables, le Sénat avait, sous la pression d'élus indécis, demandé un complément d'enquête au FBI, qui a rendu son rapport confidentiel mercredi soir à la Maison Blanche.
Les sénateurs ont pu en consulter une copie jeudi dans une salle fermée. Les républicains en sont sortis ragaillardis, les démocrates frustrés.
"Cette enquête n'a trouvé aucune trace de comportement inapproprié", a estimé le chef républicain de la commission judiciaire du Sénat, Chuck Grassley.
"Ce qui est notable avec ce rapport, ce n'est pas ce qui est dedans, mais ce qui n'y est pas", a rétorqué la sénatrice démocrate Dianne Feinstein, dénonçant une enquête "incomplète".
L'intensité des débats s'explique par l'importance de la Cour suprême.
La haute cour est l'arbitre des questions de société les plus épineuses aux Etats-Unis: peine de mort, droit à l'avortement, lois sur les armes à feu, mariage homosexuel... L'entrée de Brett Kavanaugh, 53 ans, en son sein, placerait les juges progressistes en minorité pour de nombreuses années.
Les sénateurs républicains soutiennent quasiment tous le candidat de Donald Trump, mais trois modérés --Jeff Flake, Susan Collins et Lisa Murkowski-- détiennent la clé du vote. Ils réservent encore leur décision.
Du côté démocrate, le sénateur Joe Manchin reste indécis.
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