Entre 400 et 500 personnes, essentiellement des ex-salariés accompagnés parfois de leur famille, suivaient l'audience commencée à 9h00 devant le conseil des prud'hommes délocalisé au Zénith, une salle de spectacle du parc des expositions de la ville.
Certains portaient des T-shirts "Goodyear Amiens, patrons voyous", "Nous sommes tous Goodyear", "Non aux licenciements".
Dans sa plaidoirie de quatre heures, l'avocat des 832 demandeurs, Fiodor Rilov, a notamment tenté de démontrer que les licenciements intervenus en mars 2014 étaient sans cause économique réelle et sérieuse, insistant sur les bénéfices au niveau du groupe Goodyear américain auquel appartenait Goodyear Dunlop Tires France (GDTF).
"Explosion de la profitabilité", "rentabilité record", "chiffres en augmentation" : celui que l'on surnomme "l'avocat rouge" a martelé que le groupe avait enregistré sur l'exercice 2014 un résultat net de 2,5 milliards de dollars après impôts, "la somme la plus colossale jamais affichée par Goodyear depuis sa création".
"Grâce à cette action de fermeture, nous allons améliorer notre résultat d'exploitation dans la zone Europe à hauteur de 75 millions (de dollars) par an", a-t-il traduit d'un document de la direction de l'époque, au centre de la scène, où des dizaines de piles de dossiers étaient posées sur les tables des avocats, des greffiers et dans les coulisses.
L'avocat, figure de proue des combats contre les grandes multinationales, a répété face aux quatre conseillers prud'hommaux - à parité employeurs et salariés - qu'à l'époque, "juridiquement ce qui compte, c'est +où on en est au niveau du groupe, au niveau du secteur d'activité du groupe+". Un périmètre réduit depuis au niveau national par les "ordonnances Macron".
"Difficulté irrémédiable" selon la direction
Les trois avocats de la direction ont argumenté sur les difficultés depuis 2007 de l'usine "extrêmement déficitaire -, qui produisait essentiellement des pneus de tourisme et quelques pneus agraires - aggravées par la "crise sévère" de 2009.
"L'entreprise a dû faire face à une difficulté irrémédiable du site, il produit des pneus trop chers à basse valeur ajoutée", a ainsi avancé Me Joël Grangé, en retraçant la reprise avortée en 2011 par la société Titan et fustigeant "la guerre" menée par la CGT.
"On a voulu faire les choses bien en termes de reclassement avec 300 postes, dont 55 à Amiens-Sud (...) de l'autre côté de la rue", a-t-il ajouté, suscitant quelques sifflets et rires jaunes dans la salle. "Nous sommes conscients qu'un licenciement, c'est une décision difficile, nous ne l'avons pas prise à la légère."
En janvier 2014, Goodyear Amiens-Nord avait annoncé la fermeture de l'usine, entraînant la disparition de 1.143 emplois, symbole de la désindustrialisation des bastions ouvriers.
Sept de ces anciens salariés ont été définitivement condamnés en janvier par la cour de cassation à des peines de prison avec sursis pour avoir alors séquestré deux ex-dirigeants de l'usine.
"Au bout de deux heures, il (Rilov) avait déjà tout dit sur notre souffrance, notre injustice", a réagi Bernard, sous le couvert de l'anonymat, 49 ans, ancien opérateur de pneus tourisme pendant 25 ans.
L'ancien candidat à la présidentielle, Philippe Poutou, et le député France Insoumise de la Somme, François Ruffin, ont également fait une apparition.
"Le combat des Goodyear doit servir à une chose: qu'on peut s'opposer à une multinationale", a lancé Mickaël Wamen, ex-leader de la CGT de l'usine, condamné dans le volet séquestration, appelant à la "convergence des luttes".
Militants CGT de la région, infirmiers en grève de l'hôpital psychiatrique Pinel voisin, postiers en grève des Hauts-de-Seine et ouvriers de l'usine Ford près de Bordeaux étaient également présents.
Du sang neuf chez les Bleus ? Didier Deschamps dévoile jeudi à 14h00 sa liste pour affronter l'Islande en match amical et l'Allemagne en Ligue des nations les 11 et 16 octobre, avec quelques incertitudes en défense et au milieu de terrain en raison de blessures.
Le jugement devrait être mis en délibéré au premier trimestre 2019.
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