"Un juge a ordonné que l'on localise et arrête l'ancien président Fujimori afin qu'il soit placé en détention", a écrit l'administration judiciaire péruvienne sur son compte Twitter.
La décision du magistrat Hugo Nuñez fait suite à un recours des familles des victimes du gouvernement Fujimori demandant de revenir "sur la grâce pour raison de santé en faveur" de celui qui a présidé le Pérou d'une main de fer de 1990 à 2000, a expliqué l'institution.
Carlos Rivera, l'avocat des parties civiles à l'origine de l'annulation, a expliqué à l'AFP que la décision de mercredi était fondée car "des irrégularités avaient été commises au moment de la grâce".
"Si nous faisons appel, la décision ne devrait pas être appliquée", a réagi pour sa part le défenseur de l'ex-dirigeant, Miguel Pérez Arroyo.
De son côté, le médecin d'Alberto Fujimori, Alejandro Aguinaga, a fait part de sa surprise et de son indignation.
"On peut voir qu'on ne respecte rien au Pérou. On ne respecte pas l'indépendance des pouvoirs, la grâce accordée au président Fujimori a été constitutionnelle", a-t-il déclaré au micro de la radio RPP.
Aussi adulé que détesté, l'ex-homme fort du Pérou, gracié en décembre pour raison de santé alors qu'il purgeait une peine de 25 années de prison pour crimes contre l'humanité, a récemment fêté ses 80 ans.
- Massacres -
Retiré de la vie politique, il vivait depuis seul dans une maison en location dans un quartier chic de Lima. Ce père de quatre enfants et grand-père de deux petites-filles disait se consacrer à la rédaction de ses mémoires et à prendre soin de ses plantes, une de ses passions.
Ces dernières années, l'ancien président avait multiplié les séjours à l'hôpital pour divers problèmes de santé. M. Fujimori avait notamment subi plusieurs opérations en raison d'un cancer de la langue.
Alberto Fujimori avait été reconnu coupable d'avoir commandité deux massacres perpétrés par un escadron de la mort en 1991-1992.
Fin 2017, sa libération anticipée au bout de 12 ans décidée par l'ancien président Pablo Pedro Kuczynski avait déclenché une crise politique et de vives protestations d'organisations de défense des droits de l'homme et des victimes de la répression du régime Fujimori.
Mi-juin, la Cour interaméricaine des Droits de l'homme a épinglé le Pérou pour cette grâce.
Dans une lettre manuscrite adressée en juillet à l'AFP, il défendait son héritage qui devait permettre, selon lui, de faire du Pérou "un pays leader en Amérique latine".
Mais dans ce pays andin, difficile d'oublier le passage au pouvoir de celui que l'on surnomme "El Chino" (le Chinois). Pour certains, il est l'homme qui a combattu avec succès la guérilla maoïste du Sentier lumineux et dopé l'essor économique du pays.
D'autres se souviennent surtout de ses méthodes autoritaires dans le cadre de la lutte contre le Sentier lumineux.
Jusqu'à présent, le patriarche du clan Fujimori n'a pas réussi à réconcilier deux de ses enfants, Keiko, 43 ans, et Kenji, 38 ans, devenus ouvertement rivaux en politique. Au point qu'ils pourraient s'affronter lors de la prochaine présidentielle en 2021.
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