Certains analystes n'excluent même plus de le voir gagner dès le premier tour, un scénario auquel il semblait être le seul à croire au début de la campagne.
"La semaine dernière, je ne l'aurais pas dit, mais aujourd'hui, je crois qu'il a des chances réelles d'être élu dès dimanche. Ce n'est pas le scénario le plus probable, mais c'est possible", affirme Sergio Praça, professeur de sciences politiques à la fondation Getulio Vargas.
Les analystes expliquent la poussée non prévue de Bolsonaro dans les sondages par la haine croissante contre le Parti des travailleurs (PT, gauche) formation de gauche de l'ex-président Luiz Inacio Lula da Silva, incarcéré pour corruption et donc remplacé au pied levé par Fernando Haddad.
A cela s'ajoute un effet contre-productif des manifestations anti-Bolsonaro ayant jeté dans les rues le week-end dernier des centaines de milliers de Brésiliennes.
Ainsi, dans deux sondages publiés lundi et mardi, l'ex-capitaine de l'armée, déjà en tête des intentions de vote depuis plusieurs semaines, a considérablement creusé l'écart sur ses adversaires.
Mardi, l'institut Datafolha le créditait de 32% au premier tour, soit 11 points de plus que le candidat de gauche Fernando Haddad (21%), contre seulement six vendredi (28% contre 22%).
Si on considère uniquement les votes valides (en excluant les blancs et les nuls, comme ce sera le cas lors du scrutin), Datafolha calcule que M. Bolsonaro obtiendrait même 38% des voix, contre 24% pour M. Haddad.
Au deuxième tour, le 28 octobre, il l'emporterait par une courte marge (44% contre 42%), alors que M. Haddad était donné nettement vainqueur (45% contre 39%) vendredi.
'Grossière erreur'
Paradoxalement, le week-end qui a précédé ces sondages avait été mouvementé pour Bolsonaro.
Samedi, le candidat d'extrême droite avait été la cible de manifestations qui avaient rassemblé dans tout le pays des centaines de milliers de femmes indignées par ses dérapages misogynes.
Mais le sondage Datafolha de mardi montre une nette progression du candidat d'extrême droite dans l'électorat féminin, passant de 18 à 24%.
"Ces manifestations ont eu pour effet d'exacerber la polarisation et de nombreux électeurs indécis ont choisi leur camp", explique Geraldo Monteiro, directeur du centre de recherches sur la démocratie (CEBRAD) de l'Université de l'Etat de Rio de Janeiro (Uerj).
Ciro Gomes, candidat de centre gauche qui arrive en troisième dans les derniers sondages, avec 11% des intentions de vote, a qualifié les manifestations de "grossière erreur", affirmant qu'elles avaient requinqué un Jair Bolsonaro plutôt mal en point la semaine dernière.
Absent de la campagne depuis plus de trois semaines après avoir été poignardé en plein bain de foule, il avait dû recadrer ses lieutenants depuis son lit d'hôpital, qu'il a finalement quitté samedi.
Son gourou pour les questions économiques, le "Chicago Boy" Paulo Guedes, avait par exemple évoqué le retour d'un impôt impopulaire, avant d'être remis à sa place.
Polarisation à outrance
Malgré ces couacs, un autre facteur a pu augmenter la cote de Bolsonaro dans les sondages: le rejet du PT.
"Je vois beaucoup d'électeurs de Bolsonaro qui n'ont jamais lu son programme, mais qui votent juste pour lui par haine du PT", souligne Geraldo Monteiro.
Il considère que, dans ce contexte de "polarisation à outrance", l'électeur est plus amené à voter contre le candidat qu'il déteste que pour un autre qu'il soutient réellement.
Si le duel Bolsonaro-Haddad se confirme au second tour, "au lieu de chercher des voix au centre, les candidats risquent de radicaliser encore plus leur discours pour susciter le plus de rejet possible chez l'adversaire", souligne Geraldo Monteiro.
Le problème pour Fernando Haddad, qui a remplacé Lula après que ce dernier a été déclaré inéligible, c'est que les sondages montrent même une poussée du candidat d'extrême droite dans les Etats pauvres du Nord-est, fief traditionnel du PT.
Le sondage Datafolha de mardi montre que M. Bolsonaro a grimpé de six points dans les intentions de vote dans cette région, passant de 15 à 21%.
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